“Avec namR, nous pouvons guider les Accompagnateurs Rénov’ vers les lieux à rénover en priorité”

[INTERVIEW] Imaginez un monde où il serait possible de connaître en quelques clics l’état du bâti français, permettrait de cibler les travaux à réaliser selon les quartiers, et faciliterait le déploiement du solaire. C’est ce que propose namR. Cette société, créée en 2017, regroupe un ensemble de données sur une même base. De quoi faciliter la rénovation énergétique du parc immobilier français ? Quentin Bonnemaison, Head of data production chez namR, nous en dit plus.

As

AsknamR croise un ensemble des données existantes, permettant de cibler les travaux à réaliser en priorité. ©NamR

Effy : Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre rôle au sein de namR ?

Quentin Bonnemaison : Je suis Head of data production chez namR, responsable de l’équipe data intelligence de l’entreprise. Nous faisons d’un côté le lien entre les besoins produits et les besoins business, et nous occupons de l’autre, de la partie création de la donnée. On est là pour avoir une connaissance de l'écosystème data, des sources de données existantes, des besoins des clients et des métiers par verticale. En partant de tous ces éléments, nous sommes capables de créer des attributs de recherche dans un référentiel.

 

Quentin Bonnemaison, Head of Data production chez NamR

 

Parlez-nous de namR.

Le nom namR vient de “name reality”. L’objectif est de décrire la réalité du bâti français. Pour cela, nous avons une base de 200 attributs qui définissent chacun une caractéristique d’un bâtiment, soit géométrique, d’enveloppe (hauteur, nombre d’étages, type de toiture etc.), d’usage (comment le bâtiment est occupé), mais aussi des caractéristiques permettant de mettre en place de potentielles améliorations.

 

L’enjeu majeur de namR est de constituer une base de données sur laquelle on peut capitaliser. Il y a 2 grands outils : askSolar, qui évalue les potentiels solaires à l’échelle d’une ville, et asknamR qui a une approche plus globale.

 

Parlons plus précisément de asknamR. En quoi consiste cet outil ? 

asknamR présente plusieurs cas d’usage en fonction du profil du client. L’outil utilise ainsi des bases de données disponibles en open data comme la base DPE de l’Ademe, la base sur les données locales de consommation d’énergie etc. Nous rattachons ces bases de données à un référentiel unique au niveau du bâti. Les données sont formatées et assainies, puis croisées avec d’autres informations comme les modes de chauffage, la date de construction du bâtiment etc.

 

Il y a peu de données disponibles pour suivre l’état des bâtis. Comment expliquer ce manque de données alors que l’ambition des pouvoirs publics est d’accélérer la rénovation énergétique ?

Des initiatives sont en cours, mais le souci est qu’il y a beaucoup d’acteurs. La libération des données par l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) nous a beaucoup aidés. Nous nous appuyons sur les DPE des logements résidentiels publiés chaque année par l'Ademe, les programmes de type Profeel qui viennent des services publics. En clair, on entre dans la création de valeur autour de la mise en open data proposée par les pouvoirs publics.

 

En quoi les outils proposés par namR peuvent accompagner le mouvement et être complémentaire de l’Accompagnateur Rénov’ ? 

namR considère le parc entier de bâtiments. En croisant l’ensemble des données existantes, on est capables de connaître le pourcentage de passoires thermiques en France, mais aussi de proposer des gestes travaux à réaliser en priorité. Nous ne faisons pas de diagnostic, mais un état des lieux d’un ensemble de bâtiments.

 

On estime proposer une bonne première approche pour optimiser le temps passé et accélérer la rénovation, en concentrant les efforts sur un parc immobilier. On ne remplacera jamais les conseillers locaux, mais on peut les guider vers les lieux à rénover en priorité.

 

L’audit énergétique est-il complémentaire de l’état des lieux que peut dresser asknamR ?

Nous n’allons pas aussi loin que l’audit énergétique, qui est un diagnostic très complet, et nous n'avons pas vocation à remplacer le rôle d'un auditeur terrain. Le DPE nous donne déjà assez d’informations. Nous apportons des informations complémentaires comme les modes de chauffage existants, le taux d’émissions de gaz à effet de serre, mais aussi des préconisations de gestes travaux, ce qui se rapproche d’ailleurs du nouveau DPE. Pour cela, nous travaillons avec le cabinet de consultants Pouget. Nous préconisons en général de s’occuper des travaux de rénovation de l’enveloppe, à savoir l’isolation thermique des murs extérieurs et de la toiture. Ensuite, de changer le système de chauffage. Enfin, d’installer des panneaux solaires si la configuration du logement s’y prête.

 

Quel est le profil type de votre clientèle ?

Ce sont des clients aux profils assez variés. Nos clients historiques sont des assureurs qui étudient l’évolution du portefeuille client via les risques climatiques, et les banques. On a aussi 3 métropoles, des délégataires de services publics qui ont besoin de connaître le parc de bâtiments de manière exhaustive quand ils ont besoin d’installer de gros réseaux, des bureaux d’études pour estimer les usages et les besoins dans des quartiers spécifiques. Enfin, nous avons quelques clients dans le BTP, qui veulent mettre l’accent sur la rénovation plutôt que la construction.

 

La data est-elle un levier d’accélération de la rénovation énergétique ?

C’est plus qu’un levier, c’est une condition de réussite de cette accélération. En mettant à disposition des informations pertinentes pour les acteurs de la rénovation énergétique de manière massifiée, c'est-à-dire sur n’importe quel actif immobilier, c’est un gain de temps dans le ciblage de projets, la préparation d’un audit énergétique et l’accompagnement client associé.

 

Est-ce que c’est la seule solution ? Je ne pense pas. Il y a des enjeux politique, de formation de toute une filière et d’information vis-à-vis des citoyens.

Ceci peut aussi vous intéresser