Qu'est-ce qui empêche les particuliers de rénover leur logement ?

La dernière étude réalisée par l’ANIL s’intéresse à l’approche des Français face à la rénovation énergétique. Elle révèle notamment plusieurs points de frictions qui peuvent toutefois constituer des leviers pour convaincre plus de particuliers de se lancer dans des travaux. Effy décrypte ses conclusions. 

 

L’Agence nationale pour l'information sur le logement (ANIL) a questionné près de 3000 ménages français entre mai et juin 2023, tous statuts d’occupation confondus (propriétaires, bailleurs, locataires), à propos des différentes problématiques les freinant en matière de rénovation énergétique.

Une méconnaissance de la classe énergétique 

64% du panel ne connaît pas l’étiquette énergétique de sa résidence principale. Et pour les répondants au courant, l’intérêt du diagnostic de performance énergétique (DPE) est différent entre propriétaires et locataires. 

 

Ainsi, pour les locataires le DPE est vu comme une information utile qui permet de réduire les dépenses énergétiques. Les propriétaires, quant à eux, le voient plutôt comme une contrainte administrative qui permet cependant de valoriser leur bien. La plupart découvrent d’ailleurs l’étiquette énergétique à l’occasion de la vente, de l’achat ou de la mise en location de leur bien. 

 

👉 La réponse à apporter :

Le DPE est un outil essentiel pour quantifier le confort de vie d’un logement. Il permet de déterminer les travaux de rénovation énergétique nécessaires, et constitue donc une première étape importante dans une réflexion sur la rénovation énergétique. 


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Une sensibilisation inégale aux enjeux de la rénovation

75% de l’ensemble des répondants interrogés par l’ANIL s’estiment bien sensibilisés à la rénovation énergétique de leur logement. Mais cette tendance ne se retrouve pas dans toutes les catégories sociales : si les propriétaires (bailleurs ou non) répondent positivement à 78%, seuls 35% des locataires du parc social s’estiment sensibilisés. 

 

En outre, même si, les ménages les plus modestes vivants dans des logements collectifs sont ceux qui se sentent le moins concernés par la rénovation énergétique, ils sont pourtant les plus à risque face à la précarité énergétique. Cela s’explique notamment par le fait qu’ils sont peu acteurs de leur confort énergétique lorsqu’ils sont locataires, et sont mal informés sur les intentions des bailleurs publics. De même, ceux qui sont propriétaires ont peu de moyens pour engager des travaux.

 

Pourtant, être sensibilisé aux enjeux de rénovation énergétique se traduit directement dans les intentions de travaux. Les personnes se disant indécises à se lancer dans des travaux ne sont que 58% à se dire sensibilisés. Ce chiffre monte alors à 82% pour celles ayant un projet de rénovation, et à 88% pour celles ayant déjà réalisé des travaux.

 

👉 La réponse à apporter : 

Il est essentiel de communiquer sur les atouts de la rénovation énergétique auprès des particuliers. Ceux ayant déjà réalisé des travaux citent eux-mêmes l’amélioration du confort de leur logement comme premier bénéfice des travaux à 42%, ainsi que la baisse des consommations d’énergie à 38%. Ces points sont fondamentaux à mettre en avant auprès des particuliers encore hésitants ou non sensibilisés à ces enjeux. Sans oublier que la rénovation permet également de lutter contre le changement climatique et d’augmenter l’attractivité du bien immobilier.

Une offre d’aides décisive mais peu claire

64% des ménages ayant un projet de travaux envisagent de demander des aides. MaPrimeRénov’ et les primes CEE sont ainsi les plus demandées.

 

À noter que le recours à ces dispositifs est plus important chez les propriétaires non-bailleurs (72%) que les bailleurs (57%). Chez ces derniers, ce non-recours s’explique en effet par une méconnaissance des dispositifs, des démarches jugées trop dissuasives, ou car ils ne se croient pas éligibles.

 

Alors même qu’un propriétaire sur deux exprime que les aides sont décisives pour se lancer dans des travaux, les deux tiers du panel s’estiment insuffisamment informés sur les aides pour mener un projet de rénovation énergétique. Paradoxalement, les répondants peuvent toutefois citer trois aides en moyenne. Cette situation souligne bien la difficulté qu’ont les particuliers à se repérer dans la multiplicité d’aides et à faire face à leur complexité administrative. 

 

Enfin, 85% du panel identifie au moins une difficulté à entreprendre des travaux. Si la plus citée est leur coût trop élevé, les propriétaires mettent aussi en avant la crainte des arnaques. Cela peut s’expliquer par la recrudescence de démarchage téléphonique qui avait suivi le développement de certaines aides. 

 

👉 La réponse à apporter :

Il est primordial de rappeler l’existence des différentes aides pouvant soulager les particuliers, mais aussi et surtout de les décrypter. Comme le souligne cette étude, les propriétaires sont perdus : ils ont besoin qu’on leur explique clairement à quelles aides ils ont droit, et comment y accéder. Un accompagnement en la matière peut se révéler capital pour débloquer une intention de travaux.

Une difficulté à trouver des artisans

La disponibilité des artisans qualifiés est le deuxième frein le plus cité par les propriétaires. Ils témoignent notamment d’une difficulté grandissante pour trouver des artisans certifiés « Reconnu Garant de l’Environnement » (RGE), qui sont pourtant un critère indispensable pour obtenir les aides d’État comme MaPrimeRénov’. 

 

👉 La réponse à apporter :

La labellisation RGE est un critère décisif pour les particuliers. Faire la démarche pour obtenir cette certification représente donc une opportunité indispensable pour toutes les entreprises et artisans. Outre le gage de réassurance apporté aux propriétaires sur le sérieux de l’entreprise et de ses compétences, ce label est nécessaire pour que les clients puissent bénéficier des dispositifs d’aides tels que MaPrimeRénov’ ou les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). 

 

Pour en savoir plus : Diminution du nombre d’entreprises RGE en 2023 : quelles sont les causes ?

Un besoin d’accompagnement exprimé a postériori

Les particuliers ont besoin d’être accompagnés dans leurs projets de rénovation. C’est ce qu’expriment clairement les deux tiers des propriétaires ayant réalisé des travaux dans leur résidence principale ou leur logement locatif. Pourtant, la moitié d’entre eux n’en ont pas bénéficié. Et c’est seulement face aux obstacles qu’ils ont pu rencontrer, qu’ils ont réalisé la nécessité d’être épaulés.

 

Selon l’ANIL, ce sont les personnes âgées qui sont le plus en demande de cet accompagnement. Les bailleurs, quant à eux, demandent plutôt un accompagnement juridique.

 

👉 La réponse à apporter :

Le dispositif Mon Accompagnateur Rénov’ a été créé pour répondre à ce besoin. Dans le cadre de MaPrimeRénov’ Rénovation d’ampleur, les particuliers devront obligatoirement se faire assister par un conseiller indépendant. Son rôle est de les guider dans leur parcours de rénovation énergétique : les conseiller sur le choix des travaux et des artisans, les aider sur le financement, les accompagner sur les demandes d’aides publiques, etc.

Trop de bailleurs indécis face à la rénovation

Les propriétaires de logements classés F ou G sont une majorité (58%) à souhaiter rénover leur logement, pour faire face à l’interdiction prochaine de leur location d’ici 2025 et 2028. Toutefois 20% des interrogés comptent le vendre, et 23% sont indécis. 

 

Les propriétaires bailleurs expriment quant à eux plus de difficultés à réaliser des travaux dans ces logements, souvent du fait de leur caractère collectif qui augmente le coût d’investissement. La quote-part de travaux varie en fonction des tantièmes, et ne correspond pas toujours aux ressources du propriétaire.

 

Le vote des travaux en assemblée générale est également un frein majeur pour ces particuliers. La copropriété se révèle être un écosystème limitant, qui représente un défi majeur pour la rénovation du parc immobilier français. Ainsi, si 27% déclarent une intention de travaux, la même proportion reste dans l’incertitude. 

 

👉 La réponse à apporter :

Ces propriétaires bailleurs constituent un public prioritaire pour l’accompagnement vers la rénovation énergétique. Il est essentiel de les capter pour améliorer le parc, et éviter le retour sur le marché de ces passoires énergétiques. Ils définissent eux-mêmes le maintien de la qualité et de l’attractivité de leur patrimoine comme motivations premières pour rénover. Ce sont donc les points à mettre en avant pour les convaincre d’entamer ces projets.

À noter néanmoins pour les bailleurs propriétaires détenant des logements F et G que les raisons réglementaires sont davantage citées. Pour ces derniers, ne pas hésiter à rappeler le calendrier mis en place avec la dernière mouture de MaPrimeRénov’ où les maisons passoires thermiques ne seront plus éligibles au parcours MaPrimeRénov’ Décarbonation au 1er juillet 2024.

Animée par la transition écologique, c’est tout naturellement que je me suis tournée vers les sujets autour de la rénovation énergétique. Pour Effy, je vous informe donc sur les actualités de ce secteur.