Programmation pluriannuelle de l’énergie : quelle place pour l’autoconsommation solaire résidentielle ?

À l’occasion de son premier anniversaire, le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) dévoile depuis plusieurs semaines ses travaux pour accélérer le rythme de décarbonation de la France. Ceux-ci doivent servir à bâtir l’architecture du futur projet de loi de programmation énergie-climat dont l’examen est prévu à l’automne au Parlement. Le 12 juin dernier, le SGPE rendait ainsi sa copie en matière de planification écologique du secteur de l’énergie d’ici 2030. Dans un contexte où les prix de l’énergie, et notamment des fossiles, risquent de continuer à augmenter dans les prochaines années, l’autoconsommation résidentielle pourrait bien devenir centrale. Décryptage.

Un gisement supérieur à 50 GWc à l’horizon 2050

La transition du secteur de l’énergie à l’horizon 2030 passera par 3 piliers détaille le SGPE dans sa feuille de route1 : les économies d’énergie, l’électrification des usages et une mobilisation des ENR en remplacement des énergies fossiles. Sur ce dernier pilier, le photovoltaïque (PV) est mis à l’honneur par le SGPE qui indique qu’il « doit se développer sur les différentes surfaces pour conjuguer vitesse de déploiement et compétitivité » en particulier sur le segment résidentiel.
 

Autoconsommation graphique SGPE


Avec une nouvelle cible de 140 GW de projets PV en 2050, le SGPE fixe ainsi pour l’autoconsommation résidentielle l’objectif de représenter 8,5% de ces projets, soit une puissance de 12 GWc. A la fin du deuxième trimestre 2023, la puissance installée d'autoconsommation était de 1,63 GWc. Si la part de l’autoconsommation résidentielle d’ici à 2050 peut sembler faible, elle bénéficie en revanche du gisement le plus important avec plus de 50 GWc estime le Secrétariat. Autrement dit, l’autoconsommation résidentielle pourrait continuer d’être développée après 2050, à l’inverse des centrales au sol ou des grandes toitures / ombrières dont le gisement serait déjà atteint.

L’autoconsommation résidentielle ne demande qu’à décoller

Dans sa dernière mise à jour2 du marché sur les perspectives des énergies renouvelables pour 2023 et 2024, l’Agence internationale de l’énergie est particulièrement optimiste s’agissant du marché français de l’autoconsommation. En effet, l’agence souligne que « la volonté des consommateurs de réduire leurs factures d'électricité reste un moteur essentiel de l'accélération de la croissance du solaire résidentiel ». Ce que confirme le baromètre d’Enedis en la matière : au 30 juin 2023 la France comptait 325 939 installations PV d’autoconsommation individuelle, en hausse de +77% sur douze mois glissants3.

L’acceptabilité sociale du solaire résidentiel pourrait expliquer pour partie cette dynamique. D’après une étude IPSOS pour RTE4, seulement 16% des Français ont une mauvaise opinion des panneaux photovoltaïques. Un chiffre en baisse de 2 points sur un an.

De nouvelles annonces à l’issue du prochain Conseil de planification écologique ?

Reste encore à pleinement se donner les moyens de faire décoller l’autoconsommation résidentielle. En la matière, le SGPE indique vouloir « renforcer les incitations à l’autoconsommation en veillant à préserver l’équilibre financier et physique du réseau ». La récente loi d’accélération de la production d’énergie renouvelable a pourtant manqué l’occasion de créer les conditions nécessaires à ce renforcement.  À savoir par exemple la mise en place d’un taux de TVA réduit à 5,5% sur l’ensemble du segment résidentiel ou encore l’ouverture de l’éco-PTZ aux installations solaires résidentielles afin de démocratiser ces solutions auprès des ménages les plus modestes.

Le prochain Conseil de planification écologique, prévu le 5 juillet prochain, pourrait finalement être l’occasion d’annoncer de nouvelles mesures incitant à l’autoconsommation. En effet, c’est lors de ce Conseil que devrait être présentés les projets de programmation pluriannuelle de l'énergie et de stratégie nationale bas carbone. Une présentation des conclusions de ce Conseil, par le Secrétaire général à la planification écologique, est d’ores et déjà inscrite à l’agenda de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l’Assemblée nationale le 12 juillet.




[1] SGPE, La Planification écologique dans l’énergie, Document de travail, 12 juin 2023.
[2] IEA, Renewable Energy Market Update, Outlook for 2023 and 2024, juin 2023.
[3] Enedis Open Data – au 31 mars 2023.
[4] Ipsos – RTE, Etude sur les mécanismes de décision des Français en matière de consommation énergétique, mai 2023.

Ceci peut aussi vous intéresser