BIM : les artisans du bâtiment sont-ils prêts à relever le défi ?

En novembre 2018, le Gouvernement a lancé le Plan BIM 2022. L’objectif : embarquer l’ensemble de la filière construction dans l’ère du numérique. Alors que l’échéance de 2022 arrive à grand pas, PlanRadar et la Capeb ont organisé, le 14 septembre dernier, une table ronde pour faire le point sur le développement de cette démarche collaborative. Peut-on faire du « BIM pour tous » une réalité ? Eléments de réponse.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’usage du BIM n’est pas uniquement destiné aux grands projets de construction. Cette méthode de travail, basée sur la collaboration, peut également être utilisée sur des chantiers de taille plus modeste, en neuf comme en rénovation.

 

En effet, le BIM ou « Building Information Modeling » est plus qu’une maquette numérique en 3D contenant les données d’un chantier. Cette démarche facilite la gestion d’un projet et l’échange d’informations entre l’ensemble des intervenants (architectes, maître d’œuvre, bureau d’études, artisans, etc.), et ce, de la conception à l’exploitation du bâtiment.

 

Pour encourager les entreprises à s’approprier le BIM, les fédérations professionnelles ont mis en place des actions de formation. La CAPEB a notamment réalisé des fiches pratiques pour accompagner les entreprises artisanales du bâtiment dans leur transformation numérique.

 

Le syndicat patronal souligne que les outils numériques et le BIM peuvent permettre :

 

  • Une construction de meilleure qualité (via l'analyse des risques par exemple)
  • Une optimisation des coûts et des délais (vision sur l’approvisionnement, la réservation de matériels…)

 

La collaboration sur le chantier peut également aider dans le choix des techniques et matériaux mis en œuvre, et venir renforcer la compétitivité des entreprises qui pourront répondre à un appel d’offres en BIM.

Digitalisation, où en est-on ?

Malgré les avantages du BIM, son déploiement reste timide, notamment au sein des entreprises de moins de 10 salariés, qui représentent 95% des entreprises du bâtiment.

 

Lors d’une table-ronde organisée par PlanRadar, David Morales, vice-président de la CAPEB, en charge des affaires économiques et du numérique, a rappelé les résultats d’un baromètre réalisé dans le cadre du plan BIM 2022.

 

Il révèle que seuls 31% des sondés s’estiment « suffisamment informés » sur le BIM. Parmi eux, moins de 10% ont mis en place une action pour développer la démarche.

💡 Pour rappel, le Plan BIM 2022 fait suite au Plan Transition Numérique du Bâtiment lancé en 2015. Il vise à mobiliser la filière pour fournir aux professionnels les méthodes et les outils nécessaires à la massification et à la généralisation du numérique dans le bâtiment d’ici 2022.

 

Si l'objectif est d'accélérer la tendance, David Morales a indiqué qu’il ne fallait pas faire du digital pour faire du digital. Pour réussir à transformer le secteur, il est nécessaire de penser des outils qui vont permettre aux artisans « de mieux vivre leur quotidien ». Et pour cela, « il faut essayer de comprendre comment fonctionnent » les entreprises.

« Ce n’est pas parce que les outils vont très vite, qu’on va faire évoluer le secteur du bâtiment. Il faut du temps. Regarder ce dont on a besoin, faire un peu le tour pour voir ce qui peut être intéressant pour les artisans », a-t-il poursuivi.

Produire « mieux » mais à un coût maîtrisé

Dossier en ligne

Là où le digital fait défaut, c’est surtout au niveau de la production. David Morales a expliqué : « Dans une entreprise artisanale, il y a trois piliers : la production, la gestion et la vente / communication ».

 

 

Si des outils ont fait leur apparition du côté de la gestion (logiciels de devis, de suivi de chantiers, de facturation, de comptabilité…) et de la vente/communication (sites internet, plateforme de mise en relation, forums d’échanges, appels d’offres dématérialisés…), le secteur de la production, « autour des chantiers », est « pauvrement pourvu » de solutions digitales. Le BIM peut permettre de faire le lien entre ces trois socles, a-t-il avancé. Mais encore faut-il que tous les intervenants d’un chantier soient impliqués.

 

« Il faut de l’interopérabilité », et s’assurer que « ça ne nous coûte pas beaucoup plus cher ». Le BIM est les outils digitaux ne doivent pas être synonymes de « contrainte supplémentaire », d’autant plus que la nouvelle réglementation environnementale (RE2020), qui entrera en vigueur en janvier 2022, devrait déjà apporter son lot de changements, et de surcoûts.

Un BIM pour tous

Nicolas Delrieu, Responsable gestion de configuration et usages BIM – Société du Grand Paris, est revenu sur l’idée d’un BIM adapté à l’ensemble des acteurs de la chaîne. « Une des conditions pour que le BIM se développe, c’est qu’il ne soit pas réservé à une élite. On ne définit pas les besoins en fonction de ce que peuvent faire les outils. On définit les outils en fonction de ce qu’on veut en faire ».

 

Le numérique doit permettre aux équipes « d’être plus efficace là où il y a de la valeur ajoutée. Il doit être au service des métiers et de l’expertise des entreprises », a estimé Matthieu Walckenaer, Country Manager France – PlanRadar.

 

« Il faut convaincre les entreprises, leur donner envie, et les sensibiliser », et pour cela, il est indispensable de « démystifier le BIM et le numérique », a souligné David Morales, ajoutant que « toute obligation serait un frein à son développement ». 

 

Le BIM est un moyen, ce n'est pas une fin en soi.

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