Chauffage au bois : plus une priorité pour le gouvernement ?

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La décision gouvernementale de baisser les aides MaPrimeRénov’ de 30% pour les équipements de chauffage au bois ne fait pas l’unanimité parmi les acteurs de la filière. Effy fait le point.

 

Le chauffage au bois a connu un fort succès ces dernières années, notamment boosté par la crise énergétique et la hausse des tarifs du gaz. 6,3 millions d’appareils individuels de chauffage au bois sont aujourd’hui installés en France.

Des années records en termes d’installation

Sur l’année 2022, 510 000 poêles, foyers et chaudières ont été installés : c’est 100 000 de plus qu’en 2021 ! Un chiffre qui se traduit dans les aides : 769 millions d’euros ont été accordés en 2022  via le dispositif MaPrimeRénov’ pour des projets de chauffage au bois, sur un total de 3,1 milliards d’euros d’aides. 

 

Les ménages sont donc nombreux à se tourner vers ces solutions jugées plus écologiques que les chauffages aux énergies fossiles. Mais aussi moins coûteuses : même si son prix augmente, le bois reste en effet moins cher que le gaz, le fioul ou l’électricité

 

Selon le dernier rapport concernant la conjoncture mensuelle de l’énergie publié par le Ministère de la Transition Écologique, les granulés de bois se situent ainsi à 0,0936€ TTC au kWh, tandis que le gaz naturel est à 0,1051€ et l’électricité à 0,2276€.


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30% d’aides en moins

Si l’installation de solutions de chauffage au bois était fortement encouragée jusqu’à présent, les aides MaPrimeRénov’ baisseront toutefois de 30% au 1er avril 2024. Soit entre 300 et 1000€ d’aides en moins, en fonction des revenus du ménage et du coût du dispositif.

 

À noter : Pour bénéficier des aides MaPrimeRénov’ dans leur nouvelle mouture 2024, il sera par ailleurs nécessaire de fournir un audit énergétique.

Protéger le bois des forêts

Le Ministère de la Transition énergétique souligne que le chauffage au bois est une solution intéressante dans la transition énergétique, notamment pour remplacer des vieux appareils de chauffage au bois ou des chaudières à énergie fossile. Mais il justifie cette décision par une volonté de préserver les forêts françaises, qui constituent une constituante cruciale de la biomasse, au cœur des enjeux et objectifs climatiques. Il appelle donc à hiérarchiser et planifier ses usages. 


 

Et de rappeler que d’autres aides restent disponibles pour l’achat d’un équipement de chauffage au bois, telles que la TVA réduite à 5,5%, ou le « Coup de pouce chauffage » dans le cadre des Certificats d’économie d’énergie. Elles sont d’ailleurs cumulables avec MaPrimeRénov’. 


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Une décision jugée dévastatrice pour la filière

De son côté, dans un courrier adressé au président en décembre dernier, la filière s’insurge de cette décision « incompréhensible », vue comme une volonté de faire des économies

 

Elle met en garde contre « des conséquences dévastatrices pour une filière que l’État exhortait encore l’an dernier à intensifier sa mise à disposition de combustible et d’installations de chauffage », notamment pour les usines de granulé. 

 

Le Syndicat français des chaudiéristes biomasse met ainsi en avant que la superficie des forêts françaises continue de progresser, tandis que les volumes de bois commercial sont stables sur les vingt dernières années

 

Le Syndicat des énergies renouvelables souligne en outre que le bois qui alimente les chaudières et poêles ne provient pas de coupes rases mais de débroussaillages, de coupes d’éclaircie, de chutes de scieries. Une valorisation de co-produits qui contribue à l’équilibre de la filière bois.

Une flambée des arnaques sur le bois de chauffage 

L’organisation France bois bûche alerte sur la recrudescence d’offres malhonnêtes sur des sites comme Le Bon Coin, Facebook Marketplace ou des sites de vente en ligne. Ces annonces à des prix défiant toute concurrence sont généralement frauduleuses. 


Ces arnaques usurpent parfois l’identité de fournisseurs de bois en créant de faux sites, de faux profils sur les réseaux sociaux, ou même en modifiant leur fiche Google pour y mettre leur numéro de téléphone ou leur mail.


FBB rappelle que le tarif moyen en période de chauffe se situe autour de 70€/m3. L’organisation recommande de ne pas commander par mail, et de ne pas régler la prestation avant d’avoir été livré. Des mises en garde qu’il est bon de rappeler à ses clients pour les entreprises et artisans du secteur.

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