La fin de l’euphorie pour l’autoconsommation solaire résidentielle ?

L’autoconsommation solaire résidentielle a brillé la semaine dernière dans l’actualité. Pourtant les derniers chiffres publiés par Enedis confirment un début de ralentissement pour la folle croissance du nombre d’installations depuis 2022. Décryptage d’une tendance à suivre.

Un nombre record d’installations au T3 mais une croissance en recul

L’autoconsommation solaire résidentielle a franchi un nouveau cap en atteignant près de 618 000 installations à fin septembre 2024. Mais si au global le nombre d’installations reste sur une hausse de 60% sur un an, le marché connaît un ralentissement de sa croissance. Habitué à surperformer, le segment de l’autoconsommation solaire résidentielle enregistre une hausse de "seulement" 11% au T3 2024, malgré un record de 61 835 installations raccordées. L’année dernière à la même époque sa croissance était pourtant de près de 19%. Alors que le nombre d’installations avait quasiment doublé en 2023, les prévisions pour 2024 devraient ainsi atterrir sur une hausse de l’ordre de 50 à 60%.
 

Evolution de la croissance du nombre d'installations en autoconsommation solaire résidentielle depuis 2022.


Le solaire résidentiel aurait-il atteint un plafond de verre ? Plusieurs facteurs semblent en effet avoir freiné le marché depuis un an. Premièrement la fin de la hausse des tarifs de l’électricité et l’annonce d’une baisse à venir au 1er février 2025 pour les clients au TRVE. L’autoconsommation résidentielle a connu son pic de croissance en 2023 alors que les factures d’électricité s’envolaient. Une tendance similaire au marché espagnol qui a connu un boom de l’autoconsommation solaire résidentielle lors du pic du prix de l’électricité, mais dont la demande s’est depuis essoufflée.

Deuxièmement, le cadre tarifaire de soutien à l’autoconsommation – à savoir la prime EDF OA et le tarif de rachat – a été fortement raboté depuis un an. Pour rappel, la France souffre d’un paradoxe en la matière : lorsque "trop" d’installations sont raccordées au cours des derniers mois, le montant de prime baisse brusquement pour ralentir le rythme. La CRE devrait ainsi annoncer dans les prochains jours une nouvelle baisse pour le prochain trimestre tarifaire qui débutera le 1er novembre prochain.

Le TURPE 7 se veut rassurant pour les autoconsommateurs

Malgré cette croissance qui ralentit, il y a lieu d’être optimiste concernant l’avenir du marché de l’autoconsommation solaire résidentielle. Et pour cause : dans sa consultation publique qui vient d'ouvrir concernant le prochain tarif d’utilisation des réseaux publics de distribution d’électricité (TURPE 7), la CRE se montre rassurante envers les autoconsommateurs. Constatant que « l’autoconsommation est en phase de croissance significative », la CRE indique que cette croissance doit permettre à Enedis une « baisse du coût unitaire de gestion » des raccordements. 

C’est pourquoi le régulateur de l’énergie propose de maintenir dans le TURPE 7 le niveau actuel de coût pour les installations en autoconsommation individuelle, soit 8,88€ HT/an (avec vente du surplus). Une nouvelle rassurante alors que les rumeurs annonçaient une hausse de cette composante pour faire face à la multiplication des raccordements individuels et donc des modifications induites pour les réseaux.

Le solaire résidentiel au service de la flexibilité

Si l’essor de l’autoconsommation a un impact sur le bon dimensionnement des réseaux de distribution, il invite également à repenser nos habitudes de consommation. Justement, la CRE dans la consultation susvisée appelle à une « synchronisation des flux autoconsommés avec les périodes de pointe de production, notamment par une implication plus importante des utilisateurs à consommer au meilleur moment ». Pour y parvenir, plusieurs pistes sont actuellement envisagées.

De son côté, la CRE envisage de déplacer dès l’été prochain le régime des heures pleines / heures creuses pour harmoniser celles-ci en fonction de la cloche solaire. C’est-à-dire lorsque la production photovoltaïque est la plus forte en milieu de journée mais pas toujours autoconsommée et donc en majorité réinjectée sur le réseau. Une manière subtile de déplacer les consommations électriques en milieu de journée pour réduire les coûts.

De leur côté, les députés se sont emparés du sujet à l’occasion du projet de loi de finances pour 2025 en adoptant en commission des finances un amendement dans le sens des préconisations de la CRE. Déposé par le député David Amiel, il prévoit une TVA réduite à 5,5% pour les installations solaires résidentielles équipées d’une batterie ou associées à un « dispositif de pilotage de la consommation du logement pour la synchroniser avec la production » de l’installation. Une adoption qu’il faudra maintenant confirmer dans l’hémicycle alors que l’examen du texte débute cette semaine en séance publique.

Victor Breheret

Chargé des Affaires Publiques chez Effy

Chaque semaine je décrypte à chaud l'activité législative au Parlement, les évolutions réglementaires d'aujourd'hui et de demain mais aussi les tendances politiques autour de la rénovation énergétique et l'autoconsommation solaire résidentielle.

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