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Rénovation énergétique : la Capeb appelle à la création d’un prêt garanti « vert »

Par Rose Colombel

Publié le 09/11/2022 à 15h47, mis à jour le 16/11/2022 à 15h12

Au 3e trimestre 2022, l’activité des entreprises artisanales du bâtiment progresse de 2% en volume par rapport à la même période l’an dernier et s’élève même à 4% concernant les travaux de rénovation énergétique. Si les voyants restent au vert, l’inflation préoccupe fortement les professionnels qui sont bien plus nombreux à répercuter les hausses sur le prix des travaux. Pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et préserver l’activité, la Capeb appelle notamment à la création d’un prêt garanti « vert ». Précisions.

JC Repon

Jean-Christophe Repon et Alain Chouguiat présentent les chiffres de l'artisanat du T3 2022 ©Rose Colombel

La Capeb a dévoilé, ce mercredi 9 novembre, les chiffres de l’artisanat du bâtiment. Lors de ce nouveau point conjoncture, le syndicat a donné la parole a plusieurs de ses adhérents, permettant ainsi aux journalistes présents, d’avoir un aperçu de la réalité du terrain.

 

On le sait, le contexte inflationniste impacte l’ensemble des secteurs d’activité. Les entreprises artisanales évoquent une hausse moyenne des coûts des matériaux de 26% entre janvier et octobre 2022. Conséquence, 89% des artisans répercutent cette augmentation sur les prix des travaux (contre 81% au trimestre précédent) et le font à hauteur de 68% (vs 59% trois mois auparavant).

 

Les difficultés d’approvisionnement concernent désormais 78% des entreprises artisanales interrogées dans le cadre de l’étude réalisée par Xerfi pour le compte de la Capeb. C’est 3 fois plus qu’au 4e trimestre 2021 !

Crise des matériaux : les artisans témoignent

La crise des matériaux impacte différemment les entreprises mais voici ce qu’on retient des témoignages partagés durant la conférence de presse.

 

Certains professionnels disent rencontrer des difficultés pour recruter par manque de « perspectives d’avenir ». D’autres regrettent de devoir réviser le salaire de leurs employés « plusieurs fois par an ». Ils se sentent « impuissants et spectateurs face à ces hausses permanentes ». Ainsi, si les carnets de commande sont bien remplis, ils craignent de ne pas pouvoir tenir leurs engagements.

 

Afin de poursuivre leur activité, les entreprises agissent. Parmi les actions engagées : une modification des plannings, une réorganisation des équipes, une réduction des délais de validité des devis ou encore la recherche de nouveaux fournisseurs. Ils se voient aussi dans l’obligation d’augmenter leurs stocks ce qui « met à mal » leur trésorerie.

 

Lire aussi : 13 mesures pour accompagner les entreprises face à la hausse des prix

L’artisanat du bâtiment résiste

Malgré ces difficultés, 68% des entreprises du secteur misent sur une activité « stable » pour ces prochains mois.

 

Au 3e trimestre, les voyants sont au vert par rapport au même trimestre l’an dernier :
 

  • + 2% pour l’activité globale
  • + 1,5% pour la construction neuve
  • + 2% pour l’entretien-rénovation
  • + 4% pour la rénovation énergétique

 

En tendance annuelle (évolution sur les quatre derniers trimestres) :
 

  • + 3% pour l’activité globale
  • + 2,5% pour la construction neuve
  • + 3,3% pour l’entretien-rénovation
  • + 4,3% pour la rénovation énergétique

 

Sur ce segment de l’amélioration de la performance énergétique des logements, « il y a un soutien à la demande et un désir de confort de l’habitat », souligne la Capeb. Il y a aussi une anticipation des problèmes liés à l’énergie. Cela conduit les ménages « à faire des efforts pour mieux se protéger » face à la hausse des prix.

 

Attention cependant, bien que toujours en croissance, l’activité ralentit ces derniers mois. Alors que l’Ile-de-France conserve le même rythme de progression, la Nouvelle-Aquitaine affiche une croissance de 1,5% ce trimestre, soit « une perte de vitesse » de 2,5 points par rapport au deuxième trimestre 2022. Même tendance pour les travaux d’électricité qui voient leur croissance s’établir à 2% au T3 2022 comparé au T3 2021, contre 4% au T2 2022.

Eviter la récession en 2023

En 2023, l’objectif va être d’éviter la récession. Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, rappelle que le syndicat interpelle Bercy depuis 2021 sur l’inflation. La hausse des prix va se poursuivre avec une augmentation « entre 10% et 15% sur l’ensemble des matériaux en janvier ». Or, les besoins en trésorerie se font déjà plus importants et les marges se détériorent. « Nous devons impérativement agir collectivement pour limiter au plus juste l’impact de la hausse du coût des matériaux », déclare Jean-Christophe Repon.

 

En ce sens, la Capeb a dévoilé que *24 nouveaux industriels et distributeurs viennent de s’engager aux côtés des entreprises artisanales du bâtiment pour faire face à la crise. Ils rejoignent les 8 acteurs qui avaient répondu présents un peu plus tôt dans l’année.

Soutenir l’activité… et le pouvoir d’achat des ménages

Au-delà de la crise des matériaux, Jean-Christophe Repon est revenu sur le financement des travaux de rénovation énergétique. Le secteur bancaire est le grand absent de la transition énergétique, a-t-il estimé, citant le nombre d’éco-PTZ (un peu plus de 60 000 distribués en 2021). « Il faudrait que l’Etat propose un prêt garanti « environnement ». Nous demandons au Gouvernement d’être partie prenante et de redevenir partenaire de cet engagement financier », a-t-il indiqué. « Ce prêt garanti » viendrait financer « l’investissement colossal que demande la rénovation énergétique sans creuser la dette publique » et redonnerait du pouvoir d’achat aux ménages pour qu’ils rénovent « définitivement leur habitat ».

 

40 milliards d'euros par an, c'est le montant qu'il faudrait investir pour soutenir le marché de la rénovation énergétique, selon Jean-Christophe Repon

 

Pour booster les travaux de rénovation énergétique, la Capeb demande une simplification des procédures administratives. L’organisation professionnelle cite non seulement les démarches pour obtenir les Certificats d’économies d’énergie (CEE) et MaPrimeRénov’ (MPR) mais aussi celles pour être qualifié RGE (Reconnu garant de l’environnement).

 

« Dans le bâtiment, 95% du tissu économique est constitué de PME qui sont au nombre de 540 000 entreprises. Mais il n’y a que 59 000 entreprises dites labellisées RGE », a souligné le président de la Capeb. Pourquoi ce chiffre ? L’accès à la qualification reste complexe. « Il suffit de le simplifier », notamment via l’audit chantier par chantier, a insisté Jean-Christophe Repon. Il s’agit là de libérer le potentiel des entreprises artisanales du bâtiment face à la rénovation énergétique. Ces entreprises sont « en grande majorité, qualifiées et compétentes ».

 

Autre demande, faciliter les Groupements Momentanés d’entreprises via un projet de loi afin de permettre aux TPE de se regrouper pour répondre au marché de l’offre globale.

 

Lire aussi : S'adapter et se regrouper pour relever le défi de la rénovation énergétique 

* BDR THERMEA France au travers de ses marques De Dietrich, Chappée et Oertli, BERNER, COROXYL, DIMOS, Layher, Téréva, Urmet/Yokis France France et Viessmann, Frans Bonhomme, Knauf Insulation, Wurth, Wienerberger, HERIGE et ses trois sociétés (VM, ATLANTEM, EDYCEM), Pladur, Saint-Gobain Distribution Bâtiment France et ses enseignes (POINT.P, Cedeo et Brossette, La Plateforme du Bâtiment, PUM Plastiques, Asturienne, SFIC, Dispano, Décocéram, CDL Elec, Panofrance, et Clim+), Weber, Isover, Placo, et l’ORCAB

Rose Colombel

Journaliste - Responsable de contenus pour Effy

Journaliste passionnée par le secteur du bâtiment, je vais à la rencontre des professionnels depuis sept ans. Valoriser votre secteur et ses métiers est un effort collectif, celui de toute une filière. C'est avec enthousiasme et humilité que je vous donne la parole et vous informe sur l’actualité.

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