Rénovation performante : quels bouquets de travaux privilégier ?

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Energies & Avenir organisait un webinaire, mardi 5 juillet, pour présenter les résultats d’une étude identifiant les bouquets de travaux à privilégier pour tendre vers des rénovations performantes, au sens de la loi Climat et Résilience. En voici les principaux enseignements.

pompe à chaleur

La pompe à chaleur, alliée des rénovations performantes ? ©Maxime Huriez

A travers une nouvelle étude présentée le 5 juillet dernier, l’association Energies & Avenir a souhaité « interroger sur la définition de la rénovation performante » telle que définie par la loi climat et résilience.

 

« Nous pensons que cette définition sera structurante dans la manière dont les rénovations seront conduites dans les prochaines années pour l’atteinte des objectifs ambitieux que la France s’est fixés », a introduit Philippe Méon, président de l’association.

 

Menée par Tribu Energie, l’étude s’est intéressée à différentes typologies de bâtiment issus d’un rapport du Gouvernement et représentatifs du parc immobilier français, parmi lesquels, deux maisons individuelles situées en zones H1b et H3.

 

Le bureau d’études s’est basé sur la méthode 3CL-DPE 2021 pour réaliser ses calculs. L’objectif, identifier les bouquets de travaux qui permettraient d’atteindre :
 

  • Un niveau BBC rénovation, soit la classe B du nouveau DPE (Cep < 110 kWh/m2 et émissions de GES < 11 kgCO2/m2)
  • ou un seuil moins ambitieux correspondant au label haute performance énergétique (HPE) Rénovation (Cep < 150 kWh/m2 et émissions de GES < 15 kgCO2/m2).

 

Le premier geste de travaux consistait à changer le système de chauffage. Si le seuil n’était pas atteint, des travaux complémentaires étaient ajoutés dans l’ordre suivant : isolation des planchers haut et bas à un niveau CEE, isolation des murs, amélioration de la ventilation, remplacement des fenêtres, renforcement de l’isolation et de la perméabilité à l’air, mise en place d’une production d’énergie renouvelable photovoltaïque.

 

« En fonction du système, nous atteignons le seuil avec des bouquets plus ou moins fournis, ce qui a un impact technico-économique, notamment sur les coûts d’investissement », a expliqué Nicolas Desmars, chef de projet - Tribu Energie. 

 

A noter que pour cette étude, Tribu Energie a intégré une estimation des aides financières pour un ménage moyen : couple avec enfant, avec des revenus intermédiaires.

L’effet joule et les chaudières THPE n’atteignent pas les seuils

💡 Pour la maison individuelle située en zone H1b construite avant 1948, les seuils sont atteints dans les cas suivants :

 

Travaux PAC air/eau + CET PAC air/eau double service  PAC hybride

Poêles à bois + panneaux rayonnants
+ CET

Chaudière bois performante
BBC Rénovation ✔️Si Isolation complète + VMC ✔️Si Isolation complète + VMC + PV ✔️Si isolation complète
+ VMC
❌ (= classe C) ❌ (= classe C)
HPE Rénovation ✔️ ✔️ ✔️

✔️ Si Isolation complète + VMC

✔️Si isolation complète
+ VMC

 

A défaut d’atteindre la classe B ou le seuil HPE Rénovation, les bouquets de travaux suivants permettent d’arriver à la classe C :
 

  • Panneaux rayonnants + CET
  • Chaudière gaz THPE
  • Chaudière gaz THPE + CET
  • Chaudière gaz THPE + CESI

 

💡 Pour la maison individuelle située en zone H3 construite après 1948, là encore, les travaux suivants avec systèmes en PAC permettent d'atteindre les seuils BBC Rénovation et HPE Rénovation :

 

  • PAC air/eau + CET + Isolation planchers/murs + VMC
  • PAC air/eau double service + Isolation planchers/murs + VMC
  • PAC Hybride + Isolation planchers/murs + VMC

 

Concernant les autres systèmes de chauffage : 

 

Travaux

Poêles à bois + panneaux rayonnants
+ CET

Chaudière bois performante Chaudières gaz THPE panneaux rayonnants
+ CET
BBC Rénovation ✔️ Si Isolation complète + VMC ✔️ Si Isolation complète + VMC ❌ (= classe C) ✔️ Si Isolation complète + VMC
HPE Rénovation

✔️ Si Isolation planchers/murs + VMC

✔️ Si Isolation planchers/murs + VMC

✔️ Si Isolation complète + VMC ✔️ Si Isolation planchers/murs + VMC

 

La chaudière gaz THPE installée seule ou couplée à un chauffe-eau thermodynamique ou à un chauffe-eau solaire ne permet d'atteindre que la classe C.  

S'appuyer sur la pluralité des solutions pour accélérer les rénovations

Les scénarios de travaux avec systèmes en PAC semblent les plus performants en termes d’atteinte des seuils énergie et carbone et de coût d’investissements.

 

Nicolas Desmars a également précisé que la mise en place de systèmes de régulation performants permettrait de faire des gains de l’ordre de 10% sur les résultats DPE pour ce qui est des consommations énergétiques et des émissions de CO2.

 

Benjamin Haas, porte-parole d’Energies & Avenir, a souligné que la PAC ne pouvait à elle seule répondre à l’enjeu de rénovation performante puisqu’elle n’est pas toujours adaptée, notamment lorsque le bâtiment présente des contraintes patrimoniales, hydrauliques, acoustiques ou encore d’espace. Il est donc important de s'appuyer sur la pluralité des solutions. « La boucle à eau chaude nous permet d’aller adresser tout un monde des possibles ».

 

Dans les zones froides, la pompe à chaleur doit être associée à d’autres gestes de rénovation énergétique pour atteindre les seuils visés, ce qui pose la question de la capacité financière des ménages à engager des travaux. Concernant la PAC hybride, bien que le système ne réponde pas à toutes les situations, il reste « extrêmement intéressant pour des raisons de sécurité d’approvisionnement électrique ».

Ne pas opposer rénovation globale à rénovation par étapes

Venu assister à la présentation des résultats de l’étude, Daniel Grémillet, sénateur des Vosges – Président du groupe Energie du Sénat et rapporteur du volet énergie de la loi Climat et Résilience, a appelé à ne pas opposer rénovation globale à rénovation par étapes. Une approche par étapes est parfois plus accessible car programmée dans le temps. « Pour les ménages modestes, elle est une première étape qui participe aux économies d’énergie ». Un système de rénovation globale peut limiter la capacité des bénéficiaires et nous éloigner de l’atteinte des objectifs.

 

Lire aussi : Pompe à chaleur, solaire, mobilité électrique, le trio gagnant de la transition énergétique ? 

 

Il a regretté que les crédits alloués à MaPrimeRénov’ soient 13% inférieurs à ceux du CITE. « Nous voulons atteindre un objectif avec des moyens qui ont été diminués ». Pour accélérer, « des mesures simples et immédiates » pourraient être prises, via le PLFR en 2022 et le PLF en 2023.

 

Outre l’aspect financier, Daniel Grémillet a souligné la nécessité de former la filière professionnelle pour accompagner les mutations de la filière gaz.

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