[Interview] : « Il est crucial de faire de l’industrie du photovoltaïque, un secteur stratégique », Paul Toulouse

Sommaire

Le 6 mars 2023, Systovi, fabricant français de panneaux et de solutions solaires, a inauguré une nouvelle ligne de production sur son site de Carquefou (44). Pour en savoir plus sur cet investissement et faire le point sur le développement de la filière du photovoltaïque, nous avons rencontré Paul Toulouse, Directeur général de l’entreprise, lors de l’édition 2023 du salon BePositive.

Stand Systovi BePositive

Nouveaux investissements et de l'innovation pour Systovi ©RC

Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié en décembre dernier, la crise énergétique devrait doper le déploiement des énergies renouvelables, qui deviendraient la première source de production d’électricité dans le monde d’ici 2025.

 

Si les Etats-Unis, la Chine et l’Inde investissent massivement pour soutenir l’industrie et répondre à une demande en forte croissance, la France, elle, semble accuser un certain retard. Les ambitions sont pourtant là.

 

Dans son discours prononcé à Belfort en février 2022, Emmanuel Macron annonçait vouloir multiplier par dix la puissance solaire installée sur le territoire d’ici 2050 pour atteindre 100 gigawatts (GW). Un objectif qui, selon Paul Toulouse, directeur général de Systovi, nécessite « une réindustrialisation durable et compétitive ».

L’industrie, « un vecteur de création d’emplois »

Le 22 mars dernier, en marge du salon BePositive, la filière s’est réunie à l’occasion du 8e Colloque national photovoltaïque du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Une des tables-rondes était consacrée au développement de l’industrie. Voltec Solar, Photowatt, Carbon ou encore Systovi ont pris part à ce rendez-vous et ont pu faire-valoir leur point de vue.

 

Une instance « intéressante » pour rappeler combien il est important « d’avoir une industrie pour sortir d’une dépendance géostratégique à la Chine », souligne Paul Toulouse. L’industrie, c’est « un vecteur de création d’emplois » et donc « un secteur d’avenir ».

 

« On annonce des croissances de production installée. Ça parait crucial de faire de l’industrie du photovoltaïque un secteur stratégique que l’on peut soutenir, développer pour avoir, sur toute la filière, des industriels qui travaillent. Nous avons besoin d’avoir des règles du jeu qui nous permettent d’être en compétition équitable avec la Chine et les Etats-Unis ».

 

Paul Toulouse, DG Systovi

Paul Toulouse, Directeur général de Systovi ©RC

 

De nouveaux acteurs doivent également émerger pour continuer « à structurer la filière » et aussi pour répondre aux objectifs européens. « 40% des capacités installées en photovoltaïque devront être fabriquées en France. C’est un super signal. Maintenant, il faut sortir du signal et arriver à des mesures qui soient suffisamment précises pour que ça fasse vraiment la différence. Si l’on considère que le photovoltaïque est stratégique, il faut mettre le paquet, planifier, organiser », poursuit Paul Toulouse. En effet, sans une vision de long terme, les industriels ne pourront pas déclencher d’investissements.

 

Lire aussi : Prime à l'autoconsommation solaire, hausse du montant et versement en une fois

 

Il estime également indispensable de travailler sur les financements, notamment pour faciliter l’accès des particuliers au solaire et de favoriser la production locale « car c’est aussi la garantie d’avoir un SAV qui peut se déplacer, d’avoir des produits fabriqués dans les règles de l’art avec un impact sociétal qui est maîtrisé. Et même si ça renchérit un peu les coûts, ça a une valeur éthique auquel de plus en plus de gens sont attachés ».

Des investissements pour anticiper la demande

« Chez Systovi, nous avons un plan pour faire x4 », révèle Paul Toulouse. Le fabricant a d’ores et déjà investi 1,5 M€ pour le déploiement d’une nouvelle ligne de production de panneaux solaires OPTYMO dernière génération (cellules M10).

 

Usine Systovi

©Systovi

 

Inaugurée en mars dernier, elle doit permettre la fabrication de près de 100 000 panneaux par an soit l’équivalent d’une capacité de 40MW.

 

D’ici la fin de l’année, un nouvel investissement est attendu pour atteindre 80 MW.

 

« Notre stratégie est de continuer d’apporter des solutions que d’autres ne proposent pas, notamment du point de vue de la vente de solutions complètes, avec tous les gages de qualité et de facilité de mise en œuvre pour permettre aux professionnels d’installer nos produits avec toute la sérénité nécessaire » et « dans de bonnes conditions d’assurabilité », explique Paul Toulouse.

 

Autre ambition, celle de poursuivre ses missions en matière de formation. Paul Toulouse rappelle la mise en place d'un centre de formation par le groupe CETIH, auquel appartient Systovi. Depuis 2019, 1 500 apprenants ont été formés sur les sites de Carquefou (44), de Nîmes (30) et de Roanne (42). 

L’innovation au cœur de la stratégie de Systovi

Systovi fait également la part belle à l’innovation. Paul Toulouse dévoile la sortie prochaine « d’un panneau léger ». « Notre cible historique, c’est celui du particulier en autoconsommation et petite toiture. Avec ce produit, nous allons élargir un peu ».

 

Il existe, en France, une surface de toiture « gigantesque » sur laquelle « on ne peut installer de panneaux pour des questions de tenue de charpente. Là, on va pouvoir exploiter des zones déjà artificialisées qui hébergent des activités qui sont consommatrices en énergie et qui souhaiteraient diminuer leurs factures ».

 

Nous en saurons bientôt plus sur cette nouveauté !

Ceci peut aussi vous intéresser