[Interview] « Le déchet devient une matière première secondaire », Thibaut D’Hau Décuypère (Endless)

Sommaire

En septembre 2022, le groupe Big Bag’n Go, spécialisé dans la collecte, le tri et la valorisation des déchets de chantiers, annonçait devenir « EndLess ». Alors que le secteur du bâtiment est en pleine transformation et accélère sur les questions d’économie circulaire, nous avons interrogé Thibaut d’Hau Décuypère, son Directeur général, pour en savoir plus sur cette nouvelle identité et sur les ambitions de l’entreprise.

Créé en 2011 par Arnaud Rongier et Thibaut D’Hau Décuypère, le groupe Big Bag’n Go a construit sa stratégie autour de trois piliers : indépendance, technologie et économie circulaire (ITEC). De la mise en place de son premier service, des « gros sacs » de 1m3 sur les chantiers pour la collecte des déchets, au déploiement d’une offre globale, le moins que l’on puisse dire, c’est que la société fait office de précurseur.

 

Dès le départ, la société a travaillé à l’optimisation des flux retours en contractualisant avec des entreprises qui livraient des matériaux en région parisienne. « Cela avait du sens en termes d’économie circulaire, mais en termes de service client, nous avions besoin de plus de réactivité », souligne Thibaut D’Hau Décuypère.

 

Thibaut d'Hau Decuypère

Thibaut d'Hau Decuypère - Directeur général de EndLess

 

Une première levée de fonds a permis notamment à l’entreprise de disposer de sa propre flotte de camions et de proposer une offre différenciante. « Si vous commandiez la veille, on venait récupérer les big bag le lendemain dans un créneau de deux heures. A partir de ce moment-là, le business est parti en flèche. On répondait à un besoin brulant sur les chantiers avec un service immédiat ».

 

S’en suivirent des investissements dans la tech, notamment dans la recherche algorithmique, et la création d’un ERP « maison » avec « les contraintes et les paramétrages qui sont propres à notre métier ».

Du big bag à la benne

En 2021, Big Bag’n Go annonce l’acquisition de SOS Bennes, répondant ainsi à une attente forte de ses clients, tous consommateurs de bennes. L’entreprise familiale trentenaire possédait par ailleurs des sites de tri qui ne demandaient qu’à être industrialisés. « Intégrer tous les maillons de la chaine de valeur, nous permet d’être présent de la collecte jusqu’au tri des déchets. En termes de traçabilité, de sens, d’histoire, c’est très puissant. Le client apprécie d’avoir un acteur unique qui prend en charge son gisement et l’apporte jusqu’aux portes des filières de recyclage existantes », précise Thibaut D’Hau Décuypère.

 

Désormais connu sous le nom de EndLess, le groupe poursuit sa stratégie de développement et ses missions de collecte de tri des déchets pour faciliter le réemploi, le recyclage et améliorer la valorisation.

Pourquoi EndLess ?

Thibaut D’Hau Décuypère nous explique : « EndLess, c’est la notion de circularité. Cela veut aussi dire : à la fin, faire moins, donc générer moins de déchets enfouis. Et il y a cette notion de cycle : la matière devient déchet et le déchet redevient matière ». Une « bascule écologique » qui s’est accéléré avec les pénuries sur les matières premières.

 

« Plutôt que d’aller chercher leur matière à l’autre bout du monde, avec les coûts et les impacts carbone que cela génère, les industriels se tournent vers des circuits plus courts », détaille le Directeur général d’EndLess. « Le déchet devient une matière première locale secondaire ».

Trier les déchets à la source

Présent en région parisienne, à Lyon et à Marseille, EndLess propose aujourd’hui des big bag d’un m3, de 2m3 et aussi d’un quart de m3 pour les plus petits chantiers. Quant aux bennes, on en trouve de 8 m3, de 15 m3 et de 30 m3.

 

« Nous sommes en train de travailler sur une offre de tri à la source pour aller dans le sens du marché, et notamment de la REP PMCB, avec des prix incitatifs », nous révèle Thibaut D’Hau Décuypère. Quatre flux seraient concernés : les déchets inertes, le plastique, le bois et les déchets mélangés.

 

L’un des gros défis à relever reste la valorisation des déchets ultimes, c’est-à-dire les déchets « qui ne se trient pas, qui sont souillés et qui, malheureusement, vont être enfouis ». « Il y a une dimension financière puisque le déchet ultime est celui qui coûte cher, jusqu'à 10 fois plus que le déchet trié ». « L’éco-conception des matériaux et des bâtiments sont un enjeu clé pour la phase de déconstruction et de génération des déchets ».

Accélérer la collecte des déchets

En 2022, « nous avons récupéré 180 000 m3 de déchets sur à peu près 18 000 points de collecte. Notre objectif est d’en collecter 240 000 m3 cette année. Quand on récupère les déchets sur nos sites, ils sont triés sur quatorze flux et le taux de valorisation est de 86% ».

 

EndLess compte à ce jour 800 clients actifs. « Nous avons obtenu les normes de certification ISO 9001, 14 001 et 45 001, ce qui nous permet de nous développer sur les grands comptes ». L’an dernier, son chiffre d’affaires s’est élevé à 11 millions d’euros. Il pourrait atteindre les 15 millions en 2023.

 

L’entreprise affiche des ambitions de développement en France et à l’international. « On s’est écrit, pour 2026, d’aller chercher 50 millions d’euros de chiffre d’affaires ». Pour ce faire, EndLess compte s’appuyer sur sa stratégie de croissance externe et notamment sur son ERP « que l’on a construit de façon à pouvoir le proposer à d’autres entreprises du secteur ».

Ceci peut aussi vous intéresser