Le Plan de relance, une opportunité pour les professionnels de la rénovation

Un colloque organisé ce jeudi 17 juin par l’Agence Qualité Construction (AQC) est revenu sur les objectifs de rénovation que s’est fixés la France. L’événement a compté sur la présence du Président de l’Anah, Thierry Repentin. A cette occasion, il a annoncé une hausse du budget alloué au dispositif MaPrimeRénov’ qui passe de 1,7 à 2,4 milliards d'euros.

Les experts invités à s’exprimer lors du colloque organisé par l’Agence Qualité Construction ont souligné l’importance de rénover les bâtiments non seulement pour réduire l’impact environnemental du secteur, mais aussi pour offrir plus de confort aux occupants.

 

En introduction, Thierry Breton, commissaire européen, a rappelé que le secteur de la construction représente 5 millions d’entreprises et 25 millions d’emplois en Europe. Se référant à la vague de rénovations souhaitée, il a indiqué : « L’amélioration de notre environnement bâti est une opportunité pour nos entreprises ». 

 

Un argument repris par Grégoire Chauvière Le Drian, responsable France de la Banque européenne d’investissement (BEI). Seul 1% du parc immobilier est rénové chaque année en France, a-t-il pointé. « Il y a un potentiel immense pour faire des progrès dans notre transition énergétique, qui est l’une des priorités du Plan de relance ».

Les Français n’ont jamais autant épargné

Economies

Pour Pierre Madec, économiste de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), tous les indicateurs sont au vert pour accélérer la rénovation des logements. « Il y a une prise de conscience collective et des marges de manœuvre financières. L’épargne accumulée par les ménages, c’est environ 150 milliards d’euros, soit l’équivalent du Plan de relance voire plus ».

 

Il a estimé que la rénovation était un élément « central » pour lutter contre les inégalités sociales. « Aujourd’hui, de nombreux occupants ont des taux d’effort énergétique bien trop élevés. Les ménages les plus modestes ont à peu près 60 à 70% de dépenses contraintes » dont la majeure partie est liée au logement et à la facture d’énergie.

Plus que rénover, transformer

Catherine Sabbas, déléguée générale d’IDHEAL, a appelé à penser la rénovation comme un moyen d’améliorer la qualité de vie. Elle a également insisté sur l’importance de renforcer l’accompagnement auprès des ménages et des copropriétés pour rendre les aides plus lisibles. « Il y a une forme de pédagogie à avoir » tant sur les dispositifs disponibles que sur l’impact des travaux sur la facture énergétique.

Les artisans, acteurs de la transformation

Artisan 350

 

Pour faire de la rénovation, une réussite, Marc Malenfer, chercheur Santé et Sécurité au travail à l’INRS, a estimé nécessaire d’impliquer les artisans lors des discussions avec les pouvoirs publics. Une façon aussi de leur laisser une marge de manœuvre et de valoriser leur savoir-faire.

 

 

 

En France, les artisans sont présents sur l’ensemble du territoire. « Nous avons la chance d’avoir un maillage dense », a souligné Pierre Madec ajoutant qu’investir dans la rénovation permettait de générer de l’emploi de proximité, et qui plus est, non délocalisable.

Budget en hausse pour l’Anah

Invité à témoigner, Thierry Repentin, Président de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), a lui aussi évoqué l’appétence des Français pour les projets de rénovation.

 

Il a ainsi révélé que :

 

  •  15 000 à 16 000 demandes de MaPrimeRénov’ étaient répertoriées chaque semaine
  • 300 000 dossiers ont été déposés depuis le début de l’année
  • En 2021, 800 000 à 850 000 primes pourraient être distribuées (contre un objectif initial de 500 000)

 

Pour soutenir la montée en puissance de la prime, l'Anah va bénéficier d'une rallonge budgétaire de 750 millions d'euros, portant le budget de l'agence à 3,4 milliards d’euros, dont 2,4 milliards dédiés à MaPrimeRénov'.

Encourager l'ensemble des Français à rénover

Interpelé sur le fait que 98% des travaux financés par MaPrimeRénov’ (MPR) soient des mono-gestes (isolation, remplacement de chaudières au fioul, installation d’une pompe à chaleur (PAC) ou d’un poêle à granulés), il a appelé à faire preuve de pragmatisme. « Sur les quatre premiers mois, 63% des aides apportées par MaPrimeRénov’ concernent les ménages les plus modestes et modestes. Il faut donc avoir des politiques publiques qui correspondent à ce que nos compatriotes sont capables d’absorber ». 

 

Il a enfin indiqué que deux banques s’étaient positionnées pour délivrer les prêts Avance Mutation (PAM), un dispositif qui devrait soutenir l'activité des artisans du bâtiment puisqu’il permettra à des ménages qui ne peuvent prétendre à un prêt classique, de financer leurs travaux de rénovation énergétique.

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