Rénovation énergétique : quelles perspectives pour l’emploi d’ici 2030 ?

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Comment va évoluer le secteur de la rénovation énergétique à l’horizon 2030, et quel impact cela aura-t-il sur l’emploi et les compétences requises pour les entreprises ? La dernière étude de l’Observatoire des métiers du BTP apporte quelques éléments de réponse. Effy fait le point.

 

L’Observatoire des métiers du BTP a récemment publié une étude sur l’évolution de l’emploi et des compétences sur le marché de l’entretien-rénovation. 

 

L’enquête a été menée auprès de 600 entreprises de ce secteur en mars et avril 2023 :

 

  • 3% déclarant travailler exclusivement sur des chantiers de rénovation énergétique
  • Les deux tiers intervenant principalement sur des chantiers de rénovation par geste.
  • 44% des entreprises réalisant de la rénovation énergétique ou globale s’appuyant sur des confrères.

Un contexte qui pousse à la rénovation

L’étude rappelle que le contexte actuel est « particulièrement favorable au développement du marché de l’entretien-rénovation, notamment des travaux de performance énergétique », du fait des objectifs de neutralité climatique pour 2050.

 

💡Bon à savoir : 
En 2022, l’entretien-rénovation représentait un marché de 95 milliards d’euros, dont 23,8 milliards pour la rénovation énergétique, soit 25% de l’activité.

Jusqu’à 12,7% de croissance annuelle pour le secteur

L’étude prévoit trois trajectoires d’évolution possibles pour l’horizon 2030 :

 

  • La trajectoire tendancielle : le secteur poursuivrait dans la continuité de la conjoncture économique observée en 2023
  • La trajectoire négative de crise : de fortes contraintes viendraient perturber le secteur et impacter la réalisation des chantiers
  • La trajectoire respect des objectifs Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) : le secteur atteint les objectifs gouvernementaux fixés pour conduire la politique d’atténuation du changement climatique

 

1. Trajectoire tendancielle

Dans le cas de la projection tendancielle, les travaux de rénovation énergétique seraient en croissance de +1,8% en 2023, puis +2,8% en 2024, et verraient ensuite sa dynamique progresser avec une croissance annuelle de +6,1% entre 2025 et 2030. 

 

Cette trajectoire serait soutenue par une demande croissante, le maintien des dispositifs d’aides et le dynamisme des entreprises. L’étude envisage 12 milliards d’euros d’investissements supplémentaires pour la rénovation énergétique d’ici 2030, dont 6,5 pour les logements.

 

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2. Trajectoire de crise

A contrario, dans l’hypothèse d’une crise, le climat économique tendu priverait les professionnels et les particuliers de la visibilité nécessaire pour engager des investissements. Des difficultés d’accès au financement et la remise en cause des taux de TVA réduits ajouteraient à ces tensions. 

 

« La hausse exceptionnelle des prix des énergies sur 2022-2024 conduirait les ménages et les entreprises à des investissements opportunistes de rénovation énergétique. Ils remplaceraient par exemple un équipement de chauffage afin de soulager immédiatement leur facture énergétique, sans engager des travaux plus ambitieux », explique l’étude. 

Malgré cela, la rénovation énergétique verrait une croissance, mais plus timide : +0,4% en 2023, +0,8% en 2024 et +1,6% entre 2025 et 2030.

 

3. Trajectoire SNBC

Enfin, dans le cas d’une trajectoire respectant les objectifs SNBC, le secteur de la rénovation énergétique connaîtrait une croissance importante : +2,4% en 2023, +9,3% en 2024 et +12,7% entre 2025 et 2030

 

Pour atteindre l’objectif du gouvernement de 500 000 rénovations par an à l’horizon 2030, l’hypothèse de l’étude est une mobilisation de 21 milliards d’euros supplémentaires.

 

Graphique croissance rénovation énergétique

L’emploi en forte hausse

« Pour répondre à la demande de travaux d’entretien-rénovation supplémentaires à l’horizon 2030, le nombre de salariés doit progresser », rappelle l’étude. En 2021, le secteur de la rénovation énergétique recensait ainsi 208 000 emplois, soit environ 19% des emplois du bâtiment.

 

Dans le scénario tendanciel, l’étude estime une hausse de 140 000 pour l'activité de l'entretien-rénovation, dont 110 000 emplois pour la rénovation énergétique, tandis que dans le scénario SNBC, les effectifs augmenteraient de 280 000 emplois, soit +134% !

 

Pour aller plus loin : La création d’emplois comme réponse aux ambitions de rénovation énergétique

L’enjeu de la montée en compétences

Dans ce contexte de recherche de croissance, les compétences sont au cœur des enjeux des entreprises. Les chantiers de rénovation énergétique nécessitent des compétences similaires à la construction neuve (mais leur exercice est souvent plus complexe), ainsi que des compétences spécifiques.

 

Ainsi, 40% des entreprises souhaitent progresser sur des compétences techniques, « cœur de métier » :

 

  • L’installation d’équipements mobilisant une source d’énergie renouvelable, notamment les équipements solaires qui nécessitent également de conseiller les clients sur la revente par exemple
  • Les solutions de chauffage hybride, comme les PAC utilisant l’énergie solaire 
  • La mise à jour des connaissances sur l’utilisation de nouvelles solutions techniques contribuant à la performance énergétique du bâtiment
  • La préservation de l’étanchéité à l’air de l’enveloppe d’un bâtiment au regard des perforations liées à leurs interventions
  • Le renforcement du rôle de coordination et d’accompagnement des travaux de rénovation globale avec la gestion des interfaces métiers, notamment lors du diagnostic et phasage des travaux

 

L’exigence grandissante des clients les pousse à évoluer, de même que les nouvelles réglementations, technologies, et les nouveaux matériaux bas-carbone.

 

Pour répondre à la demande, 50% des entreprises forment donc leurs salariés actuels. 36% ont recours à la sous-traitance ou co-traitance. Enfin, 31% s’appuient sur des intérimaires et 27% sur le recrutement de nouveaux salariés ou d’apprentis. 

 

Pourtant, recruter des ouvriers qualifiés est une difficulté importante pour les entreprises, notamment du fait du manque de personnes formées : les jeunes débutants ne couvrent que 4 recrutements sur 10.

 

Il reste donc essentiel pour les entreprises impliquées dans la rénovation énergétique de poursuivre leur montée en compétences sur tous les aspects de leur activité, pour réussir à s’adapter aux évolutions du marché et des demandes clients.

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