Le BTP, un secteur résilient face à la crise sanitaire

Après avoir subi de plein fouet les conséquences du premier confinement, le secteur du BTP s’est relevé et a réussi à tirer profit de la crise sanitaire. Grégoire Leclercq, Directeur général délégué chez EBP, revient, pour le Groupe Effy, sur les répercussions économiques de la pandémie pour les acteurs du bâtiment.

 

Covid-19 : un début de crise particulièrement impactant

 

Que ce soit en termes d’activité comme d’emploi, la pandémie de Covid-19 n’aura épargné aucun secteur d’activité. Dans un baromètre réalisé en partenariat avec le réseau Entreprendre, le groupe EBP, éditeur de solutions de comptabilité, de gestion commerciale et de paie, fait le point sur les conséquences de la crise sanitaire sur les entreprises du bâtiment.

 

Durant 14 mois, EBP a analysé près de 10 000 entreprises clientes. Il en ressort que le premier confinement a été le plus impactant :

 

  •  50,43% des entreprises du BTP ont eu recours au chômage partiel dès la semaine du 16 mars pour atteindre un maximum de 67% la semaine du 30 mars au 5 avril
     
  • La baisse d’activité s’est élevée à – 31% du PIB

Pourquoi avoir pris la température du secteur ?

GregoireLeclercqEBP

Grégoire Leclercq explique que le groupe EBP dispose d’un grand nombre de données pouvant permettre de « mieux comprendre et de mieux cibler les clients », et leur proposer ainsi un accompagnement personnalisé.

 

Le baromètre était aussi un moyen « de préparer la sortie de crise », nous confie-t-il, et de comprendre les mécanismes mis en place par les différentes structures pour renouer avec la croissance. Le baromètre montre en effet que les entreprises du BTP ont su faire preuve de résilience. A la fin du premier confinement, le chômage partiel est descendu à 21,45%, retrouvant son taux le plus bas (moins de 4%) dès le 1er juin 2020.

Comment expliquer la résilience du secteur du bâtiment ?

« Il y a eu un transfert macro et micro-économique des consommateurs depuis des activités différentes (telles que le tourisme ou les petits commerces) vers le BTP. Nous allons chercher 7% de croissance ». Du jamais vu ou presque dans le secteur !

 

La crise sanitaire est venue interroger les ménages sur leur habitat, et nombreux sont ceux à avoir investi leur épargne dans des travaux de rénovation énergétique, « ce qui a profité aux entreprises du secteur », souligne le Directeur général délégué d’EBP.

 

Les TPE/PME ont également bénéficié d’un effet de rattrapage. Grégoire Leclercq cite notamment l’accélération des chantiers sur le dernier trimestre 2020 avec une instruction des permis de construire et des formalités moins contraintes sur cette période.

Quelles étaient les principales inquiétudes des artisans du bâtiment ?

Pendant le premier confinement, la crainte principale était de ne pas pouvoir redémarrer les chantiers, de perdre du chiffre d’affaires, voire de devoir mettre la clé sous la porte. Une inquiétude qui « s’est vite estompée lorsque les aides de l’Etat sont arrivées », selon Grégoire Leclercq.

 

S’est également posée la question du protocole sanitaire. Comment s’organiser sur le terrain ? Comment reprendre l’activité en toute sécurité ? Là encore, les entreprises du bâtiment ont su s’adapter et prendre en compte les préconisations formulées par l’OPPBTP dans ses différents guides.

 

Construction Maison

Aujourd’hui, les entreprises appréhendent les difficultés d’approvisionnement en matières premières qui retardent les chantiers, et donc les livraisons, impactent les marges et peuvent conduire à des pénalités. A ce sujet, rappelons que le Gouvernement a annoncé une série de mesures pour soutenir le secteur, parmi lesquelles la mise en place d’une médiation de filière, et le gel des pénalités de retard.

Le digital, un sujet encore complexe pour les artisans du bâtiment

Si les voyants sont au vert en termes d’activité, Grégoire Leclercq note que les acteurs du BTP n’ont pas tous profité de la crise sanitaire pour prendre le virage du digital. Pourtant, la digitalisation va peu à peu s’imposer, rappelle Grégoire Leclercq, se référant notamment à la dématérialisation des factures dès 2024.

 

Pour passer ce cap, les entreprises du BTP auront un besoin fort en accompagnement. « Il faut être présent localement, rencontrer l’entrepreneur, passer du temps avec lui » pour lui proposer des formations et de l’information, et tisser des liens.

Le Projet de loi Climat et Résilience, une opportunité pour le secteur

« La crise a tiré la croissance du BTP parce que l’épargne des Français était tournée vers les travaux de rénovation énergétique », poursuit M. Leclercq. Alors que la fin du confinement et du couvre-feu approche, la tendance devrait peu à peu basculer. Le secteur pourrait ainsi connaître un léger ralentissement à la rentrée.

 

Grégoire Leclercq se veut néanmoins rassurant. Les objectifs du projet de loi Climat et Résilience pourraient « être source d’affaires pour les TPE/PME du secteur ». Le texte intensifie la lutte contre les passoires thermiques. Parmi les mesures envisagées, une obligation de rénovation des logements énergivores du parc locatif privé, c’est-à-dire les biens classés E, F et G.

 

« Les propriétaires vont certainement anticiper leurs travaux ; ce qui devrait donner un regain d’activités au BTP dans les mois à venir », conclut Grégoire Leclercq

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