[Batimat 2024] Rénovation énergétique : comment atteindre les objectifs 2050 ?
Sommaire
À l’occasion de Batimat 2024, Albane Gaspard, Coordinatrice scientifique et technique à l’ADEME, a pris la parole et s’est exprimée sur les moyens pour atteindre les objectifs 2050 dans le cadre des rénovations énergétique performantes. Retour sur son intervention du 30 septembre avec Effy.
Stand de l'ADEME à Batimat 2024 ©VG
Qu’est-ce qu’une rénovation performante ?
D’ici 2050, l’objectif est de transformer le parc immobilier français, pour que 80 à 90 % des logements soient classés A ou B au DPE. Un défi de taille, compte tenu des enjeux climatiques, économiques et sanitaires et en prenant en compte le fait qu’aujourd’hui seuls 6 % des logements sont classés A ou B au DPE.
Albane Gaspard a également insisté sur d’autres dimensions à considérer : la résilience face aux risques géologiques (comme les mouvements d’argile affectant les maisons individuelles), ainsi que la santé et la sécurité des habitants, avec une attention particulière à la qualité de l’air intérieur et à une ventilation appropriée.
Les étapes clés pour une rénovation performante
Une rénovation énergétique performante ne s’improvise pas. Il est primordial de traiter les six postes clés de la rénovation énergétique : murs, planchers bas, toiture, menuiseries extérieures, ventilation, et production d’eau chaude sanitaire.
Mais l'ordre dans lequel ces travaux sont réalisés joue également un rôle crucial. Un mauvais enchaînement peut entraîner des pathologies au niveau de la maison, comme la condensation sur les fenêtres ou des pertes de chaleur.
Dès lors, il est recommandé de commencer par améliorer l’enveloppe thermique (isolation), afin de réduire le besoin en chauffage, puis d’intervenir sur le système de chauffage.
Se préparer aux vagues de chaleur
Le réchauffement climatique expose la France à des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes. D’ici 2050, 65 % des bâtiments y seront fortement exposés et cette trajectoire est déjà bien entamée.
Pour y faire face, plusieurs solutions existent, rappelle l'ADEME :
- Installer des protections solaires (volets, isolation extérieure),
- Opter pour des solutions passives comme les brasseurs d’air, le refroidissement par évaporation ou le géocooling,
- Promouvoir la surventilation nocturne,
- Partager les retours d’expérience sur la gestion de la chaleur dans les bâtiments français.
La place de la pompe à chaleur dans une stratégie de rénovation
Si la pompe à chaleur (PAC) est un équipement efficace pour remplacer les chaudières au gaz ou au fioul, elle ne suffit pas à elle seule à atteindre les performances énergétiques requises.
En plus de la PAC, pour consolider l’étiquette A ou B de son logement, il est indispensable d’associer isolation thermique et utilisation d’énergies décarbonées.
Et ce n’est pas nécessairement le seul équipement à installer ! En effet, pour une stratégie durable, il faut aussi accélérer le développement des énergies renouvelables comme le solaire thermique, les réseaux de chaleur, ou encore le gaz renouvelable.
De plus, la recherche et développement sur les fluides frigorigènes et leur installation dans des immeubles collectifs doit être poursuivie.
À lire aussi : Pompes à chaleur : les aides réservées au "made in Europe" en 2025
Développer le marché de la rénovation performante
Le marché de la rénovation performante est encore peu développé en France. Souvent, les ménages optent pour des rénovations par petits gestes, sans coordination globale.
Pour inverser cette tendance, l’ADEME propose plusieurs pistes :
- Mettre en place une garantie de performance énergétique. Si un ménage investit dans 60 000 € de travaux, il doit pouvoir s’assurer que les économies d’énergie promises seront au rendez-vous. L’ADEME expérimente actuellement cette garantie, avec un contrat engageant sur la performance à long terme du logement.
- Offrir un accompagnement technique aux ménages. La rénovation énergétique est complexe et tout le monde n’est pas expert en thermique.
- Renforcer les compétences des professionnels du bâtiment et assurer un contrôle qualité des travaux, pour rassurer les ménages.
- Adapter l’offre de financement au coût important des rénovations : simplifier l’accès aux prêts à taux zéro et aux prêts avance mutation.
- Poursuivre les politiques publiques pour atteindre les plus hauts niveaux de performance existants.
Pour aller plus loin : Bâtiment durable : le top 10 des métiers qui recrutent
Faire monter en puissance la filière
Combien de professionnels faut-il pour atteindre les objectifs de 2050 ? Selon l’ADEME, Il faudra presque doubler le nombre de professionnels travaillant dans la rénovation énergétique en France. À l’heure actuelle, 230 000 équivalents temps plein (ETP) y sont dédiés. Il en faudra 170 000 à 250 000 de plus d’ici 2030.
Cela nécessitera par ailleurs des investissements supplémentaires, estimés entre 21 et 31 milliards d’euros par an.
Les recommandations de l’ADEME en la matière sont les suivantes :
- Développer des formations par le geste, directement sur les chantiers.
- Faciliter la reconversion des professionnels du secteur de la construction neuve vers la rénovation.
- Former les métiers de l’immobilier (notaires, agents immobiliers, syndics, banques, etc.) aux enjeux de la transition écologique.
- Offrir un accès libre et permanent aux MOOC de la plateforme Bâtiment Durable.