A forcer de creuser, la prochaine PPE va trouver du pétrole
Il y a une semaine le premier ministre s’exprimait sur la souveraineté énergétique de la France, lors d’un débat sans vote à l’Assemblée nationale. Une semaine plus tard, François Bayrou vient de faire bis repetita au Sénat à l’occasion d’un nouveau débat sur le sujet. Effy décrypte les principale annonces du Gouvernement en la matière.
La PPE une nouvelle fois reportée et « pas écrite à l’avance »
Lors du premier débat sur la politique énergétique à l'Assemblée, le Premier ministre a annoncé que le décret d’adoption de la prochaine PPE ne serait pas publié avant… la fin de l’été. Un nouveau report qui s’explique par la volonté du Gouvernement que se déroule en amont l’examen par les députés de la proposition de loi de programmation énergétique du sénateur Daniel Gremillet, déjà adoptée par le Sénat il y a plusieurs mois. Cet examen à l’Assemblée nationale devrait se tenir mi-juin. Le Gouvernement tiendra-t-il compte des consensus trouvés sur ce texte pour amender la PPE ? L'option semble tenir la corde puisque le Premier ministre a rappelé devant les sénateurs que la prochaine PPE n'était « pas écrite à l’avance ». Des différences demeurent encore entre la PPE et la PPL Gremillet, à commencer par le niveau d'obligation CEE minimal pour la 6ème période. Cette dernière prévoit un niveau minimal à 1 250 TWhc tandis que la dernière version en date de la PPE privilégie un plancher de 825 TWhc seulement.
En parallèle, François Bayrou avait également annoncé la semaine dernière la création d'un groupe de travail sur l’avenir énergétique de la France, co-dirigé par le sénateur Gremillet mais également par le député et ancien ministre Antoine Armand. Ce duo de parlementaires doit débuter ses auditions et études complémentaires sur la base de la dernière version de la PPE 3, pour une remise de ses conclusions fin mai. Celles-ci pourraient servir au Gouvernement pour « proposer une version améliorée et corrigée » de la prochaine PPE.
La parole rare du Premier ministre sur les besoins de flexibilité
Alors que la flexibilité se veut encore rare dans la bouche des politiques, le Premier ministre a tenu dans son discours à l’Assemblée puis au Sénat à mettre l’accent sur le développement de la flexibilité. Une parole rare sur ce sujet, qui révèle l’intérêt grandissant pour que les pics de production d’électricité rencontrent les pics de consommation. Notamment pour l’énergie solaire dont le pic est atteint à la mi-journée alors que la consommation y est plus faible. François Bayrou souhaite ainsi « accentuer la flexibilité de nos usages », ce qu’il a déjà entrepris via la réforme à venir des heures creuses prévu par le TURPE 7. A partir du 1er novembre puis progressivement, certaines heures creuses seront justement déplacées à la mi-journée pour inciter les foyers à y déplacer leurs consommations.
Le Premier ministre a également tenu à encourager le stockage comme moyen de flexibilité dans les années à venir : « il faut développer les capacités de stockage » a-t-il souligné. Une prise de parole qui fait écho à la récente prise de position de la Commission de régulation de l’énergie. Dans son avis rendu en mars dernier sur le projet d’arrêté S21, la CRE se dit « favorable à un assouplissement des modalités d’utilisation de dispositifs de stockage de l’énergie couplés à de l’autoconsommation ». Traduction : autoriser dans le résidentiel à piloter sa batterie pour la charger en soutirant de l’électricité du réseau. Une pratique aujourd’hui peu développée, mais qui demain pourrait prendre de l’ampleur avec l’essor à venir des batteries physiques chez les particuliers. La publication du décret d’adoption de la PPE pourrait-il accélérer cet assouplissement ?