Pourquoi et comment développer le chauffage renouvelable ?

À l’occasion de la 3ème édition de la Semaine de la chaleur renouvelable, organisée au Grand Rex à Paris, les grands acteurs du secteur ont dressé un bilan de la situation et les perspectives à venir pour ces modes de chauffage. On fait le point.

Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’ADEME, l’a affirmé le 7 décembre 2021 en direct du Grand Rex : il faut “imaginer des futurs et les mettre en œuvre" dès à présent pour la chaleur renouvelable en France.

Pourquoi mettre la chaleur renouvelable sur le devant de la scène ?

Le constat prédominant qui se détache de l’après-midi politique à la Semaine de la chaleur renouvelable le 7 décembre dernier, c’est que la question des énergies renouvelables dans les modes de chauffage est largement absente du débat public (les préoccupations se tournant davantage vers l’éolien, l’électricité ou le nucléaire). Or, comme l’explique Nicolas Garnier, délégué général du réseau AMORCE, “la chaleur doit avoir une autre place dans le destin énergétique de notre pays” : aujourd’hui, 50% des besoins en énergie en France correspondent à des besoins de chaleur !

 

Et le sujet des énergies renouvelables est désormais indissociable de ces réseaux de chaleur. Comme l’affirme la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili dans une vidéo diffusée lors de l’événement le 7 décembre, “verdir notre production de chaleur est un levier essentiel pour atteindre les objectifs de neutralité carbone” fixés pour la France. Pour rappel, la Loi de transition énergétique pour la croissance verte demande au pays d’atteindre 38% de part d’énergies renouvelables dans la consommation finale de chaleur en 2030 (et nous sommes actuellement à environ 22,8%).

 

Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), revient sur ces chiffres. Il indique que de 2008 à 2020, nous avons progressé d’environ de 0,7 à 0,8% chaque année, ce qui est largement perfectible. Mais l’an passé, la part d’énergies renouvelables a bondi de 2% : si nous parvenons à maintenir ce rythme, les objectifs de 2030 sont atteignables. Et pour y parvenir, il faut miser sur les réseaux de chaleur d'origine renouvelable.

Les 8 propositions pour développer la chaleur renouvelable

Le SER, AMORCE, la FEDENE, l’ATEE, le CIBE, Via Sèva et l’AFPG, tous acteurs des réseaux de chaleur renouvelable en France, préconisent les actions suivantes :

 

  1. Fixer un objectif national ambitieux de 50% de chaleur consommée d’origine renouvelable et de récupération en 2030 (pour atteindre les 100% en 2050 comme préconisé par Jean-Louis Bal du SER)
  2. Fixer des objectifs de consommation de chaleur renouvelable dans les bâtiments existants (tertiaires, industriels et résidentiels collectifs)
  3. Généraliser un “plan territorial chaleur renouvelable” dans toutes les collectivités territoriales de plus de 20 000 habitants dans le cadre des documents de planification existants. Dans les territoires ruraux, des plans spécifiques devront également permettre de créer 1 500 réseaux de chaleur pour valoriser l’ensemble des énergies renouvelables et de récupération locales et faire basculer un grand nombre d’usagers vers des modes de chauffages vertueux
  4. Dimensionner l’enveloppe du Fonds chaleur de l’ADEME en cohérence avec les objectifs de développement fixés au niveau national.
  5. Inscrire le dispositif MaPrimeRénov dans une trajectoire budgétaire pluriannuelle, de manière à donner une visibilité à 5 ans au développement de la chaleur dans le secteur du bâtiment existant.
  6. Garantir la compétitivité des systèmes de chaleur renouvelable en élargissant l’aide au fonctionnement du Fonds de décarbonation à toutes les filières de production de chaleur renouvelable et de récupération. L’objectif : compenser l’écart de coûts entre la chaleur produite à partir de d’énergies renouvelables et leur solution fossile quand leurs prix sont très bas.
  7. Faciliter le cumul intégral des aides du Fonds Chaleur avec les Certificats d’économie d’énergie (CEE) et bonifier les CEE pour les projets les plus vertueux.
  8. Créer un “fonds social pour le climat” alimenté par une partie des recettes de la Contribution climat énergie (CCE) qui devra être augmentée. Ce fonds permettra notamment de créer un “chèque chaleur” pour aider les foyers les plus modestes à payer leur facture de chauffage et de financer les investissements nécessaires à leur conversion vers des solutions de chauffage renouvelable.

 

Cet ensemble de préconisations sera-t-il pris en compte par les pouvoir publics et pourra-t-il permettre d'atteindre des objectifs ambitieux d'ici à 2030 ?

Ceci peut aussi vous intéresser