La réponse du Gouvernement au rapport du Haut Conseil pour le Climat

En juin dernier le Haut Conseil pour le Climat (HCC) rendait son traditionnel rapport annuel à l’ancien Premier ministre Gabriel Attal. Neuf mois plus tard, c’est le Gouvernement Bayrou qui vient d’adresser au Haut Conseil sa réponse au rapport1, comme le prévoit la loi Energie-Climat. Décryptage d’un droit de réponse discrètement mis en ligne.

Un Gouvernement lucide sur les retards pris dans les objectifs de rénovation

Dans son rapport 2024, le HCC regrettait l’instabilité des politiques publiques de rénovation énergétique. Une réalité avouée à demi-mots par le Gouvernement qui reconnait dans sa réponse que « quelques mois seulement après l’entrée en vigueur de la réforme [MaPrimeRénov’] début 2024, un assouplissement temporaire a été annoncé et n’est entré en vigueur qu’au 15 mai compte tenu des délais nécessaires à son opérationnalisation ». Résultat, le Gouvernement admet que « le retard sur les objectifs physiques de rénovation énergétique des bâtiments et la décarbonation du chauffage s’est accentué en 2024 ». A savoir un rythme de remplacement des chaudières fioul « deux fois trop lent » et un « retard préoccupant des rythmes d’isolation ».

Outre l’instabilité réglementaire, la réponse du Gouvernement dresse une liste « multifactorielle » expliquant la baisse du nombre de rénovations aidées en 2024. Les retards constatés dans nos objectifs de rénovation relèvent également d’un contexte économique qui a pu dégrader la confiance et le pouvoir d’achat des ménages, ou encore d’un besoin de « structuration des filières professionnelles » s’agissant plus particulièrement de la rénovation d’ampleur.

Mais ces retards sont-ils vraiment rattrapables ? Dans sa réponse, le Gouvernement indique « envisager une actualisation de la trajectoire de planification écologique du logement à l’horizon 2030 » pour tenir compte des retards observés en 2024 et anticipés pour 2025. Une actualisation qui prendrait la forme d’une ambition à la baisse : le Gouvernement rappelant que la hausse du nombre de rénovations « ne peut-être que progressive compte-tenu des capacités de la filière et des contraintes budgétaires ». En l’état, la PPE 3 – en attente de publication – fixe un objectif d’environ 600 000 rénovations d’ampleur par an, en une ou plusieurs étapes, à horizon 2030 (parc social et privé confondus).

Une trajectoire de rénovations à « sécuriser »

C’est l’une des priorités du Gouvernement dans sa réponse au rapport du Haut Conseil : comment sécuriser la trajectoire de rénovation énergétique des bâtiments et de décarbonation du chauffage ? Pour y parvenir, le Gouvernement indique miser sur plusieurs leviers, dont certains restent en cours d’analyse par les administrations concernées
 

Leviers d'action

Etat d'avancement

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[1] Réponse du Gouvernement au rapport annuel 2024 du Haut Conseil pour le climat. Mis en ligne le 3 avril 2025. 

Victor Breheret

Responsable des Affaires Publiques chez Effy

Chaque semaine je décrypte à chaud l'activité législative au Parlement, les évolutions réglementaires d'aujourd'hui et de demain mais aussi les tendances politiques autour de la rénovation énergétique et l'autoconsommation solaire résidentielle.

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