Pompes à chaleur : où en sont les ambitions du gouvernement pour le secteur ?
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Après une belle période de croissance, le marché français des pompes à chaleur connaît depuis deux ans un ralentissement qui impacte tous ses acteurs. Face aux promesses annoncées par le gouvernement, qu’en est-il aujourd’hui des perspectives d’avenir ?
Objectif un million de pompes à chaleur françaises
Équipements phares de la transition écologique des logements, aussi bien dans le cadre de rénovations énergétiques que de constructions neuves, les pompes à chaleur ont été placées au cœur de différents dispositifs d’aides, comme MaPrimeRénov’.
Depuis plusieurs années, le gouvernement fixe des objectifs ambitieux pour la filière française, qui fait face à une concurrence rude des pays asiatiques, qui captent plus de 60% du marché selon l'Association française pour la pompe à chaleur.
de pompes à chaleur produites en France d’ici 2027 : c’est l’objectif qui avait été fixé par le président Macron en septembre 2023.
Conditionner les aides à une fabrication européenne ?
Pour booster la filière, une nouvelle annonce forte avait été faite en avril 2024, par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie de l’époque : « Nous réserverons dès 2025 les aides publiques aux seules pompes à chaleur françaises et européennes qui respectent les meilleures performances environnementales. »
Cette annonce s’inscrivait dans un plan d’action incluant plusieurs mesures destinées à soutenir l’innovation, l’investissement dans de nouvelles capacités de productions, mais aussi la formation des professionnels.
Pourtant, plus d’un an après, aucune législation n’est venue officialiser cette conditionnalité des aides à l’acquisition de pompes à chaleur basée sur leur fabrication en Europe, et le gouvernement n’a pas recommuniqué sur le sujet.
Le gouvernement fervent supporter des pompes à chaleur
Malgré cela, le gouvernement continue d’exprimer son intention de soutenir cette filière. Interrogé par le député Rassemblement national Théo Bernhardt sur la fermeture de l’usine de fabrication de pompes à chaleur de Mertzwiller, en Alsace, le ministre de l’Économie Éric Lombard a réaffirmé ce soutien.
« Le gouvernement a lancé une campagne de communication pour favoriser leur installation, la TVA sur les chaudières à gaz a été augmentée et le dispositif MaPrimeRénov’ continuera de fonctionner cet été pour les copropriétés et les monogestes. Les ménages qui le souhaitent pourront ainsi s’équiper en pompes à chaleur. Nous souhaitons évidemment soutenir leur installation, que ce soit pour le chauffage ou la climatisation, dans de bonnes conditions écologiques. »
Le ministre a indiqué travailler de concert avec les autres membres de l’Union européenne pour protéger les industries européennes.
Un objectif difficile à atteindre
Aujourd’hui, la France est encore très loin de cet objectif d’un million de pompes à chaleur fabriquées en France. En septembre 2024, une étude de l’Observatoire des énergies renouvelables mentionnait une capacité de production de 250 000 pompes à chaleur en France.
D’après les projections de l’Uniclima (le syndicat professionnel des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques) et de l’Afpac (Association française pour la pompe à chaleur), 5 milliards d’investissement seraient nécessaires d’ici 2030 pour atteindre l’objectif d’un million de pompes à chaleur, ainsi que 50 000 recrutements.
Si des investissements avaient été réalisés par l’industrie après l’annonce du gouvernement, la baisse des ventes en 2023, puis 2024, ont gelé ces élans. Dans son bilan 2024, Uniclima exprime le besoin de réassurance du secteur pour avancer : « Nos industriels ont besoin de croissance et de visibilité pour se projeter. Ils restent néanmoins déterminés à réactiver ces projets dès que les conditions seront à nouveau favorables. »
Une année 2024 difficile pour le marché
En 2024, les ventes de pompes à chaleur ont connu une baisse significative, d’après les chiffres du bilan Uniclima :
- - 40,4 % pour les pompes à chaleur air-eau
- - 23,8 % pour les pompes à chaleur géothermiques
- - 12,1 % pour les pompes à chaleur air-air d’une puissance inférieure à 17,5 kW
- - 4,7 % pour les pompes à chaleur air-air d’une puissance supérieure à 17,5 kW
Le contexte de ralentissement des ventes de logements anciens et de crise pour la construction neuve a mis un frein à de nombreux projets immobiliers, ce qui n’a pas été favorable à la vente de pompes à chaleur.
La confusion amenée par les changements fréquents des dispositifs d’aides - le dernier en date étant la suspension temporaire de MaPrimeRénov’ - contribue également à rebuter les propriétaires.
Notons tout de même que, malgré cette baisse, le marché français reste le premier en Europe, devant l’Italie et l’Allemagne, dont les ventes sont sur la même tendance.
La reprise se profile progressivement
Cependant, les perspectives pour 2025 et au-delà ne sont pas négatives : Uniclima reste ainsi optimiste sur une reprise de la demande des particuliers grâce à une inflation et des taux d’intérêt en baisse, synonymes de regain de pouvoir d’achat.
La baisse du tarif de l’électricité en février dernier contribue également à redonner aux pompes à chaleur plus de compétitivité face aux chaudières à gaz, qui ont subi dans les dernières années plusieurs mesures les rendant de moins en moins attractives pour des foyers cherchant à investir dans un nouveau système de chauffage : augmentation de la TVA ou encore sortie des dispositifs d’aides comme MaPrimeRénov’.
Dans une analyse publiée fin 2024, le cabinet de recherche et de conseil spécialisé dans la transition énergétique LCP Delta estimait qu’une reprise devrait intervenir fin 2025, avant un réel renouement avec la croissance en 2026 pour le marché de la pompe à chaleur.
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