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Interview : “Il faut absolument concilier la santé des occupants aux économies d’énergie”

Par Romane Saget

Publié le 12/10/2021 à 15h01, mis à jour le 23/03/2022 à 13h19

La santé dans le bâtiment est une notion importante, mais parfois passée au second plan en rénovation énergétique. Suzanne Déoux est docteur en médecine, spécialiste ORL. Elle a finalement quitté l'exercice médical pour travailler en amont de la maladie, du côté préventif et initier un nouveau métier d’ingénierie de la santé dans le bâtiment en créant MEDIECO. Comment améliorer la qualité de votre air intérieur ? Les réponses d’une spécialiste !

 


Quel est le lien entre santé et bâtiment ?

La santé n’est pas seulement définie comme l’absence de maladie ou d’infirmité. Elle représente un état de complet bien-être physique, psychique et social. Il suffit ensuite de transposer cette définition au bâtiment.


Le bâtiment doit permettre à ses occupants d’être bien sur le plan physiologique, sensoriel, psychique et social. Pour cela, un logement doit répondre aux besoins de ses habitants. Son rôle est double : il doit protéger de l’extérieur, des intempéries et en même temps être un espace de vie qui répond aux besoins humains.

 


Pourquoi la qualité de l’air intérieur est-elle importante ?

L’Homme respire 100 % du temps, c’est un besoin physiologique. Les poumons représentent 75m2 et la totalité de nos 5 litres de sang y passe en une minute au repos pour s’oxygéner. La qualité de l’air est donc particulièrement importante puisque nous devons apporter de l’oxygène à l’organisme, et non des substances polluantes.


L’air intérieur, en particulier, est encore plus important. En fonction de notre âge ou de notre mode de vie, nous passons 80 à 90 % de notre temps à l’intérieur. L’air du bâtiment et sa qualité sont fatalement très importants. En plus de cela, nous nous sommes rendus compte que l’air intérieur est plus pollué que l’air extérieur. À l’origine la pollution de l’air extérieur était davantage médiatisée au XXème siècle car c’est une pollution qui se voit (fumées d’usine) et qui se sent. Face à cela, nous pensions être à l'abri à l’intérieur, alors que non !

 


D’où vient la pollution de l’air intérieur ?

D’abord de l’air extérieur puisqu’il rentre dans nos logements et y apporte ses polluants. On ajoute à cela des polluants émis par les produits de construction comme les peintures, les revêtements de sol, de mur et de plafond, mais aussi ceux liés aux activités humaines, les produits d’entretien, les parfums, et un mauvais renouvellement de l’air intérieur.


Avec les chocs pétroliers des années 70, les particuliers ont été victimes d’un manque de pédagogie. En ne voulant pas perdre l’énergie de chauffage qu’ils ont chèrement payé, une “culture du confinement” s’est enclenchée. 

 


Quelles sont les conséquences d’une mauvaise qualité de l’air sur la santé ?

Les conséquences sur la santé sont très diverses. Elles commencent par le moyen le plus simple que nous avons pour juger la qualité de l’air : notre nez. La première réaction se résume à une mauvaise odeur. D’ailleurs, il est intéressant de noter qu’on remarque souvent les mauvaises odeurs, alors que les bonnes peuvent être tout aussi problématiques pour la santé. Les sprays, les parfums et diffuseurs peuvent répandre des substances volatiles nocives dans l’air.


Ensuite, nous avons l’apparition de signes d’irritation des voies respiratoires, comme le nez qui pique ou la gorge qui gratte. Nous avons ensuite des conséquences plus importantes avec l’allergie et l’augmentation des crises d’asthme. Ensuite, il peut y avoir des maux de tête, des vertiges. La qualité de l’air intérieur peut aussi, de manière plus rare, provoquer des troubles neurologiques. Enfin, certains polluants sont cancérogènes en fonction de leur durée d’exposition.

 


Quelles sont les solutions pour améliorer la qualité de l’air ?

La qualité de l’air d'un logement dépend d’abord des sources de pollution qui viennent du dehors et de la vie des habitants à l'intérieur. Il faut les diminuer grâce au renouvellement de l’air et s’enlever de l’esprit qu’aérer son logement est une mauvaise chose et fait perdre de l’énergie. C’est une action indispensable pour un air sain. En revanche, l’ouverture des fenêtres n’est pas suffisante !
 

Fenêtre ouverte


Pour renouveler efficacement la totalité de l’air d’un logement, le bâtiment doit absolument être équipé d’un système de ventilation mécanique. Il va assurer un renouvellement d’air général et permanent, tout au long de la journée. La simple présence d’une VMC n’est pas suffisante. Elle doit être performante et fonctionner correctement. Des contrôles de conformité de 2005 à 2009 ont montré qu'à réception, dans 60 % des maisons individuelles neuves et 50 % des logements collectifs, le fonctionnement du système de ventilation n’est pas correct.

 


En rénovation énergétique, pensez-vous que la santé des habitants est aussi importante que les économies d’énergie ?

En rénovation énergétique, il ne faut pas s’intéresser uniquement aux économies d’énergie. Il faut à tout prix concilier la santé des occupants aux économies. Est-ce qu’en supprimant les ponts thermiques grâce à l’isolation, la qualité de l’air est bien assurée ? Est-ce que les bâtiments à rénover possèdent déjà une ventilation mécanique ? Ce sont des questions à se poser. On construit pour l’humain : économies d’énergie et santé doivent être mises au même niveau.

Romane Saget

Journaliste web pour Effy

Journaliste pour les sites du Groupe Effy, je suis devenue experte en rénovation énergétique. Les travaux de chauffage et d'isolation n'ont plus de secret pour moi, et n'en auront bientôt plus pour vous !

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