La maison de demain face au mur énergétique

Le 1er février dernier, Effy dévoilait lors d’une conférence de presse sa vision de la maison "Effyciente". L’occasion pour nous de décrypter cette semaine trois politiques publiques au cœur de la maison de demain : l’autoconsommation solaire, les bornes de recharge électriques et les outils de maitrise de la demande en énergie.

L’autoconsommation résidentielle, un incontournable en hypercroissance

Alors que la dynamique de la rénovation énergétique tend à se stabiliser, celle de l’autoconsommation résidentielle est en hypercroissance. Le nombre d’installations a connu une hausse de +200% depuis 2022, avec notamment 200 000 nouvelles installations en 2023. D’après une récente étude d’EDF sur l’efficacité énergétique, 62% des Français déclarent d’ailleurs s’être déjà renseignés pour l’installation de panneaux photovoltaïques1.

 

Evolution du nombre d'installations en autoconsommation 2019-2023


En l’espèce, la hausse du prix de l’électricité et la volonté des ménages de sécuriser une partie de leur facture d’énergie expliquent l’hypercroissance du marché. Mais cela suffira-t-il à atteindre la projection RTE2 de 4 millions de foyer en autoconsommation individuelle en 2030 ? Pour y parvenir, la politique publique devra inciter en moyenne 500 000 foyers par an à s’équiper d’une installation. Une trajectoire qui pourrait facilitée par la multiplication des véhicules électriques… 

L'essor des bornes électriques chez les particuliers

A l’image de l’autoconsommation résidentielle, les installations de bornes de recharges électriques connaissent elles aussi une croissance importante. Avec plus d’un million de bornes installées au 1er janvier 2024, le nombre d’installations croit en moyenne de +50%/an depuis 2020. Une croissance drivée pour partie par le spectre de l’interdiction de vente des véhicules thermiques en 2035 : un français sur deux comptant s’équiper d’une borne de recharge pour véhicule électrique3.

 

Evolution du nombre de bornes de recharge pour véhicules électriques (2019-2023)


L’un des enjeux pour les bornes électriques installées sera qu’elles soient à l’avenir compatibles V2G (vehicle-to-grid). C’est-à-dire que la recharge des véhicules soit bidirectionnelle, permettant de contrôler les flux d’électricité du réseau vers le véhicule et inversement. L’ADEME dans un récent avis d’expert rappelle à ce sujet que dans tous ses scénarios 2050 le V2G constitue « le principal moyen de flexibilité au service du système » électrique4.

Des logements consommant moins et mieux

A la différence du solaire ou des bornes de recharge, le législateur a prévu une obligation pour les logements d’être équipés au 1er janvier 2027 d’un thermostat pour le pilotage de la température. Alors que la tendance des dernières années était à l’incitation, la mise en œuvre de cette obligation marque un premier pas dans l’adaptation du logement au mur énergétique. 

Après l’ère du « consommer moins », le logement va devoir faire son entrée dans l’ère du « consommer mieux ». Comment ? En développant la flexibilité pour « décaler massivement certains usages pour profiter des pics de production d’électricité renouvelable, notamment photovoltaïque » appelle l’ADEME5. Le pilotage de la recharge des 18 millions de véhicules en circulation en 2035 (estimation RTE) sera l’un des défis du logement de demain pour la faire correspondre au pic de production des panneaux solaires. Tout comme la mise en place de « flexibilité d’équilibrage » pour permettre à RTE d’utiliser les batteries des véhicules pour réinjecter de l’énergie dans le réseau. La Commission de régulation de l’énergie travaillerait en ce sens à l’élaboration d’un indice de flexibilité du bâtiment résidentiel, c’est-à-dire la capacité d’un logement à s’effacer du réseau en cas de nécessité. 

Une chose est sûre : rénovation énergétique et flexibilité sont « très complémentaires » souligne l’ADEME : « les bâtiments bien isolés pouvant grâce à leur inertie plus facilement décaler leurs consommations de chauffage sans impact sur le confort de leurs occupants »5.






[1] Les propriétaires français et l’efficacité énergétique de leur logement, étude IFOP pour EDF, 18 mars 2024. 
[2] Intervention de Xavier Piechaczyk, membre du directoire de RTE lors d'un colloque consacré à l'autoconsommation, septembre 2017.
[3] Etude IFOP pour EDF, op. cit.
[4] Flexibilité du système électrique, Avis d’expert, ADEME, mars 2024.
[5] Ibidem.
[6] Ibidem.
 

Victor Breheret

Chargé des Affaires Publiques chez Effy

Chaque semaine je décrypte à chaud l'activité législative au Parlement, les évolutions réglementaires d'aujourd'hui et de demain mais aussi les tendances politiques autour de la rénovation énergétique et l'autoconsommation solaire résidentielle.