Travaux de rénovation énergétique : jusqu’à 450€ économisés par an

Quel est le niveau de consommation énergétique réel de certains logements parisiens ? Et dans quelle mesure les rénovations énergétiques sont-elles efficaces pour diminuer la consommation des logements ? C’est à ces deux questions que la dernière étude de l’Atelier parisien d’urbanisme répond. Bilan des conclusions par Effy.

74% de consommation en plus pour le chauffage collectif

L’association l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) a publié début mars une étude mesurant la consommation d’énergie réelle d’un large échantillon de logements parisiens. 

 

Elle s’est en effet basée sur les données de consommation d’énergie réelle de plus de 76 500 logements sociaux parisiens pour 2022, publiées en septembre 2023 et, désormais publiées en open data sur le site du Ministère de la transition écologique. 

 

Dans ce panel : 

 

  • 55% des logements sont équipés de chauffage individuel : 
    • 23% à l’électrique avec une consommation de 65 kWh par m² et par an
    • 32% au gaz avec une consommation de 129 kWh par m² et par an
  • 24% ont un chauffage au gaz collectif, avec une consommation de 174 kWh par m² et par an 
  • 20% sont reliés au chauffage urbain, pour une consommation de 140 kWh par m² et par an

 

Cette répartition est  importante puisque, selon l’étude, le chauffage représente à lui seul 60% des consommations du secteur résidentiel à Paris. Au vu de ces résultats, « le mode de chauffage ressort comme un facteur discriminant du niveau de consommation énergétique », soulignent les auteurs de l’étude.

 

Ainsi, les logements ayant un chauffage individuel ont une consommation de 88 kWh contre 153 kWh d’énergie finale par m2 et par an pour ceux avec un mode de chauffage collectif, soit une augmentation de 74% !

D’importantes disparités de consommations en fonction des modes de chauffage

L’étude note plusieurs particularités en fonction du type d’énergie utilisée. 

 

Ainsi pour les logements chauffés individuellement à l’électrique, les auteurs relèvent que l’utilisation et la régulation du chauffage sont faciles, notamment car ce type d’énergie est chère et pousse à la sobriété.

 

Les logements utilisant un chauffage individuel au gaz ont quant à eux une consommation double par rapport aux logements chauffés en électrique, mais pour autant ont une dépense moindre. Leur régulation du chauffage est moins facile qu’avec l’électricité.

 

Pour le chauffage collectif au gaz, les niveaux de consommation sont élevés quelle que soit la période de construction des bâtiments et pourraient diminuer en renforçant la maintenance des installations.

 

Quant aux logements reliés au chauffage urbain, les niveaux de consommation sont plus élevés dans des opérations anciennes (réalisées avant les premières réglementations thermiques) qui mériteraient d’être rénovées.

Une baisse moyenne de la consommation d’énergie de 28%

Le second point de l'étude porte sur une analyse avant/après travaux de la consommation d'énergie. Le panel étudié porte cette fois-ci sur plus de 9 000 logements parisiens,  majoritairement construits entre 1945 et 1974, ayant bénéficié d’opérations de rénovation énergétique entre 2012 et 2020. 

 

Le chauffage collectif est surreprésenté dans ce panel travaux : 57% sont raccordés au chauffage urbain et 19% sont équipés d’un chauffage collectif au gaz (contre 12% au gaz individuel ou à l’électrique respectivement). Ces modes de chauffage sont généralement plus énergivores car il n’y a pas une bonne régulation.

 

En moyenne, la baisse de consommation observée après les travaux est de 28%. Les logements équipés de chauffage individuel connaissent même une baisse moyenne de près de 30%, qui s’explique par le contrôle que les habitants ont sur le chauffage, et les efforts de sobriété qu’ils ont mis en place dans le contexte de hausse des prix de l’énergie. Ces efforts « ne se traduisent pas par une dégradation du niveau de confort grâce aux gains thermiques qui découlent des travaux d’isolation », souligne l’étude. 

 

Quant aux autres systèmes de chauffages, d’importantes économies peuvent même être réalisées : 

« La baisse moins importante qui s’observe pour les logements rénovés équipés de systèmes collectifs de chauffage laisse entrevoir un gisement d’économie d’énergie supplémentaire avec un effort supplémentaire sur la régulation et l’optimisation des systèmes ou encore dans certains cas une réduction des pertes sur les réseaux secondaires (calorifugeage des colonnes montantes dans les parties communes, etc.). »

 

En effet, les baisses moyennes de consommation varient en fonction des différents types de mode de chauffage :

 

  • -31% pour les logements équipés de chauffage électrique 
  • -28% pour les logements chauffés au gaz individuel
  • -25% pour les logements chauffés au gaz collectif
  • -18% pour les logements raccordés au chauffage urbain

Un décalage entre la baisse de consommation et l’énergie économisée

En moyenne, ces rénovations ont permis d’éviter l’émission de 3 700 tonnes de CO2 et la consommation de 20 500 MWh chaque année selon les chiffres d’APUR. Cela correspond à 2 236 kWh économisés par an pour chaque logement, ce qui représente une économie de 200 à 450€ par an, en fonction du type d’énergie utilisé. 

 

  • - 2 021 kWh par an pour les logements équipés de chauffage électrique
  • - 2 661 kWh par an pour les logements chauffés au gaz individuel
  • - 2 650 kWh par an pour les logements chauffés au gaz collectif
  • - 2 050 kWh par an pour les logements raccordés au chauffage urbain

 

On observe un décalage conséquent entre les gains réels d’économie d’énergie et les baisses moyennes selon le mode de chauffage. Ainsi, pour les logements chauffés au gaz collectif les travaux permettent d’économiser 2 650 kWh par an, mais la baisse de consommation n’est que de 25%, alors que pour les logements se chauffant à l’électrique, l’économie est de 2 021 kWh et la baisse de 31%. Cela s’explique notamment par les niveaux de consommation de départ plus élevés des logements ayant un chauffage collectif.

Pas d’effet rebond observé sur les consommations

La plupart des études ayant été menées à l’étranger sur l’efficacité des rénovations énergétiques démontraient jusqu’à présent un « effet rebond » : une baisse modérée, puis négligeable au bout d’un certain temps, des consommations énergétiques suite aux travaux de rénovation, qui ne compense pas le coût de ces derniers. 

 

Cela est généralement lié à un changement du comportement des ménages, qui consomment autant mais en obtenant un meilleur confort thermique.

 

L’étude de l’APUR n’observe pas un tel effet rebond, mais explique qu’il peut cependant expliquer « les baisses modérées de consommation d’énergie de certaines opérations ». 

 

Dans le cas de cette étude, les locataires du parc social, au vu de leurs revenus modérés, ont été plus enclins à faire des économies sur leur facture plutôt que d’augmenter le chauffage, surtout dans une année où les prix de l’énergie étaient en forte hausse.

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