La chaleur estivale bientôt mieux prise en compte dans le DPE ?
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Un logement difficile à chauffer en hiver est aussi souvent invivable en été. Pour mieux refléter cette réalité, le gouvernement envisage de renforcer le rôle du confort d’été dans le calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE). On décrypte pour vous les impacts attendus.
De plus en plus de canicules à prendre en compte
Jusqu’ici, la performance thermique d’un logement était surtout évaluée sur sa capacité à bien se chauffer en hiver. Elle se traduit par une note de A à G dans le DPE, en fonction de la consommation d’énergie et des émissions de CO2.
Avec la multiplication des canicules, il devient indispensable de revoir la notion de confort intérieur et d’y intégrer celle du confort d’été, c'est-à-dire le fait de garder un chez-soi tempéré même lorsque la température extérieure est très élevée.
D’après une enquête de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), c'est la part des Français qui déclarent « avoir trop chaud chez eux » lors de périodes de fortes chaleurs. La Fondation a d'ailleurs qualifié les logements les plus affectés de "bouilloires thermiques".
Les bâtiments situés dans la moitié sud de la France sont particulièrement concernés, avec désormais plus de 60 jours par an au-delà de 25° de moyenne, d'après Météo France. Autre type de logements particulièrement concernés : ceux situés en centre ville, en raison du phénomène d'îlot de chaleur urbain, tandis que l’habitat rural est souvent un peu plus épargné.
Or une bonne performance énergétique l’hiver n'est pas forcément synonyme d’un bon confort thermique l’été : une étude commandée par Ignes, une fédération d’industriels, fait apparaître qu'un tiers des logements avec un excellent DPE (A) n’ont pas de protection suffisante contre la chaleur !
Le confort d’été, le grand absent du DPE aujourd’hui
Depuis sa refonte en 2021, le DPE intègre une évaluation du confort d’été.
Mais cette dimension reste marginale : quelques critères listés, sans influence sur la note finale. On ne trouve qu’un seul indicateur informatif avec trois niveaux (bon, moyen ou insuffisant) dans la restitution du DPE pour le moment.
Cet indicateur est déterminé à partir des paramètres suivants :
- Présence de protections solaires extérieures (volets)
- Isolation de la toiture pour les maisons et les appartements au dernier étage,
- Inertie du logement (isolation des murs) et capacité à être rafraichi par une aération traversante
- Présence de ventilateurs (brasseurs d’air)
Sur les 5 millions de DPE analysés par l'étude d’Ignes, seuls 21 % obtiennent ainsi un indicateur de confort d’été « bon ». Et encore, une analyse plus approfondie des critères sous-jacents montre que la plupart des résultats sont un peu optimistes, et que seule la moitié des logements actuellement classés « bon » le mérite…
C’est dans ce contexte que le cabinet de la ministre Valérie Létard vient de faire savoir qu'une réflexion sur une meilleure prise en compte de la chaleur dans le DPE serait engagée par le gouvernement d'ici à l’été 2025.
À lire aussi : DPE : les 10 nouveautés pour garantir sa fiabilité en 2025
Quels nouveaux critères pour votre DPE ?
Voici les pistes d’évolutions qui ont été évoquées par les professionnels du secteur et qui pourraient être intégrées dans la prochaine version du DPE, après discussion avec le gouvernement.
Prendre en compte la localisation
Actuellement, la situation géographique n’est pas prise en compte dans l'indicateur. Or l’impact des chaleurs estivales n’est pas le même selon que le logement est situé au nord ou au sud de la France. Les épisodes caniculaires sont plus fréquents et plus intenses dans la moitié sud de la France, ce qui renforce l’importance de réussir à lutter contre la chaleur quand on se situe dans ce périmètre.
Dans un autre registre, le fait que la maison soit située en pleine ville ou à la campagne n’est pas pris en compte pour le moment, alors que les centre-villes sont soumis au phénomène d'îlot de chaleur tandis que les maisons en zone rurale peuvent bénéficier d’une végétation plus importante et d’une circulation d’air plus favorable.
Conséquence : le barème du DPE pourrait devenir plus exigeant pour les villes du sud de la France, de même qu’il était devenu plus strict en 2021 pour les logements soumis à des climats rudes (en altitude par exemple).
Valoriser les solutions passives
L'objectif du DPE n’est pas de promouvoir la climatisation à tout va, au contraire ! Ce n'est donc pas le rafraichissement d’un logement par une climatisation, très gourmande en énergie, qui sera promu par le futur DPE. On ne sait pas encore le sort qui sera réservé dans le nouveau calcul à la pompe à chaleur air/air, qui permet de rafraîchir le logement certes, mais en consommant de l’électricité.
Ce seront plutôt les solutions dites « passives » qui seront mises en avant :
- La ventilation naturelle,
- La qualité des volets,
- Le type d’isolation des toitures et des murs
- La présence de végétation environnante
- La motorisation voire l’automatisation des protections solaires
Ainsi, l’importance de l’isolation pourrait bien être encore renforcée dans l’évaluation de la performance énergétique d’un logement.
Revaloriser le bâti ancien ?
Dernier critère qui pourrait bientôt influer sur la note du DPE : les techniques anciennes, utilisées avant 1948, pour favoriser l'inertie d’un logement (murs très épais, hauteur sous plafond, utilisation du torchis….) ne sont pas encore prises en compte dans l’indicateur « confort d’été » alors qu’elles sont efficaces pour garder une atmosphère tempérée dans le logement.
Les logements très anciens pourraient donc tirer leur épingle du jeu et voir leur DPE amélioré grâce à leurs caractéristiques intrinsèques.
Vers une dégradation de la note du DPE ?
Le vrai enjeu désormais ? Savoir si ces nouveaux critères pèseront réellement dans la note finale du DPE, un élément désormais clé dans la valorisation financière d’un bien.
Certains propriétaires craignent que de nouveaux logements, pourtant non considérés à l’heure actuelle comme des passoires thermiques, soient gratifiés de la note G, en raison d’un mauvais confort d’été, et ne puissent plus être loués…
Dans tous les cas, la nouvelle version du DPE devrait permettre de vulgariser la notion de confort d’été et de faire réfléchir les propriétaires aux évolutions possibles de leur logement pour faire face aux épisodes de fortes chaleurs.
Et pour passer à l’action, Effy est là pour accompagner chaque projet, en identifiant les solutions de rénovation adaptées.

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