MaPrimeRénov’ : un premier trimestre pas vraiment d’ampleur

Chose promise chose due : l’ANAH vient de dévoiler le bilan de MaPrimeRénov’ pour le premier trimestre 20241. Un bilan particulièrement attendu, d’une part car il s’agit du premier depuis un an, mais aussi car il dévoile les conséquences de la réforme de MaPrimeRénov’ en vigueur depuis le 1er janvier. Décryptage.

Des rénovations d’ampleur coûteuses

Avec 5 584 rénovations, le parcours accompagné de MaPrimeRénov’ représente seulement 7% des rénovations du premier trimestre 2024… mais 20% du montant d’aides accordées avec 73,3 millions d’euros alloués à la rénovation d’ampleur. Une équation qui traduit les nouveaux montants actés par la réforme des aides. Le nombre de rénovations d’ampleur est toutefois en baisse de 43% par rapport au T1 2023, qui comptabilisait 9 855 rénovations globales. 
 

Le montant moyen d’aide à la rénovation d’ampleur est passé de 15 590€ en 2023 à près de 40 000€ au T1 2024 pour les ménages très modestes et modestes. Pour les ménages intermédiaires et supérieurs l’écart est accru avec une aide moyenne d’environ 25 000€, contre 7 700€ au T1 2024.


S’il est regrettable que le bilan ne détaille pas la répartition des sauts de classe réalisés grâce à ces rénovations d’ampleur, le montant moyen des travaux déclarés nous offre plusieurs indices. Avec environ 56 000€ pour les ménages très modestes et modestes et 64 000€ pour les ménages intermédiaires et supérieurs, les coûts des travaux flirtent avec les plafonds de dépenses associés à des rénovations de 3 ou 4 classes. Pour le confirmer, espérons que le bilan qui sera publié à l’issue du premier semestre dévoilera cette répartition par sauts de classe.  

Un pari raté pour les aides par geste

Les aides pour la rénovation par geste sont en baisse de 44% (par rapport au T1 2023) avec 72 459 logements rénovés seulement. Et ce malgré une revalorisation importante des aides pour l’installation d’une PAC, initialement pensée pour porter vers le haut ce nombre de rénovations. La conséquence directe de l’arrêt des aides à l’isolation en monogeste – qui feront leur réapparition au 15 mai prochain – mais aussi du frein que constitue la fourniture d’un DPE. 

Si le nombre de rénovation par geste chute, le montant moyen des travaux (TTC) constaté au T1 2024 augmente fortement : +1000€ pour les ménages modestes et très modestes. Et ce malgré un montant moyen d’aide versée peu ou prou équivalent. Une inflation qu’il convient toutefois d’imputer pour partie à l’arrêt des aides à l’isolation seule : MaPrimeRénov’ a été recentrée depuis le 1er janvier sur les aides au changement de chauffage dont le coût des travaux est généralement supérieur. 

Carton plein pour le bois avant son élagage du 1er avril

Le poêle à granulés sort grand gagnant de ce premier trimestre 2024 en devenant le premier geste financé par MaPrimeRénov’, détrônant au passage la PAC air/eau. Le couperet du 1er avril 2024 – avec sa baisse de 30% des aides pour les chauffages bois – explique sans aucun doute cet essor du poêle. A la surprise générale, le chauffe-eau thermodynamique (CET) se place quant à lui à la troisième place du podium. Une place qui reflète l’une des nouveautés de la réforme des aides : la possibilité de débloquer un geste d’isolation grâce à l’installation… d’un CET. 
 

Podium des monogestes de travaux financés par MPR au T1 2024


Ce bilan pourrait être résumé comme suit : alors que le Gouvernement ambitionnait de rééquilibrer en 2024 le nombre de rénovations par geste et de rénovations d’ampleur, ce premier trimestre s’achève avec une baisse des premières… comme des secondes. Espérons que les mesures de simplification qui entreront en vigueur le 15 mai prochain permettront d’enrayer ces dynamiques




[1] ANAH. Le bilan est consultable en ligne.

Victor Breheret

Chargé des Affaires Publiques chez Effy

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