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Les propositions de la Fondation Abbé Pierre pour la rénovation énergétique

Par Amandine Martinet

Publié le 03/02/2022 à 13h55, mis à jour le 04/02/2022 à 15h19

Mercredi 2 février 2022, nous étions au Palais des Congrès de Paris pour suivre la présentation du 27ème rapport sur l’état du mal-logement en France de la Fondation Abbé Pierre. Parmi les sujets développés par la FAP, la rénovation énergétique des bâtiments tient une place de choix. Voici ce que nous avons retenu de cet événement.

État des lieux général : les marques sociales de la crise sanitaire

Si le taux de précarité dans le pays reste stable sur ces dernières années, il n’en demeure pas moins élevé. Le constat est particulièrement alarmant pour les ménages les plus précaires, dont la situation s’est aggravée durant l’épidémie : le pouvoir d’achat des Français a été en légère hausse grâce aux mesures prises par le gouvernement — le chômage partiel, par exemple —, mais celui des 5% les plus pauvres a, lui, baissé de 0,5%. La fondation regrette ainsi un manque de soutien pérenne aux plus démunis et un partage des richesses inégalitaire.

 

Concernant l’habitat, le rapport de la Fondation Abbé Pierre parle d’un “ruissellement de la crise sanitaire sur le mal-logement” en France : tendance à la baisse dans la construction de logements sociaux, hausse continue des prix des loyers, hébergements d’urgence saturés… Sur ces problématiques, les dernières années n’ont pas été au beau fixe.

Un bilan du quinquennat contrasté pour le logement

Dans le rapport de la FAP, on lit que le logement a été “le parent pauvre” de la présidence d’Emmanuel Macron : baisse des APL, suppression de la taxe d’habitation profitant aux ménages aisés…

 

L’un des seuls bons points distribués concerne en fait la rénovation énergétique : la Fondation Abbé Pierre souligne un engagement fort de l'État sur le sujet, avec une volonté affichée de rénover massivement. On pense notamment au plan ambitieux d’éradiquer les 5 millions de passoires thermiques du territoire en 10 ans, énoncé dès le début du quinquennat, et pour atteindre ces objectifs, la mise en place et l’évolution de dispositifs d’aides financières à la rénovation (MaPrimeRénov’ en tête). La fondation souligne aussi des évolutions réglementaires notables, avec par exemple l’adoption de la loi Climat et résilience.

 

La FAP regrette cependant que ce mouvement favorable à l’amélioration de l’efficacité du parc immobilier en France se soit traduit dans les faits par une multiplication de “petits gestes” : c’est-à-dire, des mono-travaux ne permettant pas de gain énergétique assez significatif. Ce sont au contraire les rénovations globales qui devraient être encouragées, et les systèmes d’aides revus en conséquence.

 

Autre problème majeur, le reste à charge pour les ménages, qui reste trop élevé : aujourd’hui, même en cumulant plusieurs aides différentes, un ménage aux revenus très modestes doit encore payer en moyenne 39% du montant de ses travaux (et les ménages aux revenus modestes, 59% !) Ce reste à payer représente une somme encore beaucoup trop importante, surtout dans le cas de travaux ambitieux tels qu’une rénovation globale.

Les propositions de la fondation pour la rénovation

Pour régler ces dysfonctionnements, la FAP ne propose pas une révolution. Elle souhaite s’appuyer sur l’existant, mais en l’améliorant. Dans la lutte contre la précarité énergétique, la fondation préconise par exemple de stopper les coupures d’électricité en cas d’impayés, et de limiter les ménages concernés à un accès minimum (c’est-à-dire, “une puissance permettant de subvenir aux besoins élémentaires de la vie quotidienne et d’hygiène” selon le rapport). Quant aux solutions envisagées pour le volet rénovation énergétique, les voici :

 

  • Il faut tendre au 0€ de reste à charge pour les ménages modestes : et pour cela, “mettre des moyens financiers beaucoup plus importants sur la table” d'après Christophe Robert, délégué général de la FAP
  • Pour un montant d’aides plus élevé, la fondation propose de rendre MaPrimeRénov’ et MaPrimeRénov’ Sérénité cumulables. Objectif : avoir des financements “globalisés en un dispositif stable et lisible”.
  • Le chèque énergie doit être doublé, et passer ainsi à 700€ par an pour les personnes les plus en difficulté
  • Développer les solutions de tiers financement pour les rénovations les plus complexes
  • Renforcer l’accompagnement des ménages par des experts de la rénovation tels que les Accompagnateurs Rénov’ (dont le rôle doit être précisé et renforcé)
  • Accentuer les obligations de rénovation des passoires thermiques pour les propriétaires, pas assez incités à l’heure actuelle. Les locataires doivent, eux, être davantage protégés : la FAP propose par exemple de diminuer de 10% le loyer des nouveaux contrats de location les logements classés F et G par rapport au dernier loyer pratiqué.

 

À l’approche des présidentielles 2022, Laurent Desmard, président de la Fondation Abbé Pierre, a exprimé au Palais des Congrès son incompréhension et ses regrets face à l’absence des problématiques liées à l’habitat dans les débats. Les attentes sont désormais très grandes pour le prochain quinquennat : “nous ne lâcherons rien” dans le suivi des politiques menées sur le logement, a assuré le président de la fondation.

Amandine Martinet

Journaliste web pour Effy

Journaliste diplômée de l’Institut Français de Presse, je suis passionnée par les questions liées à la transition énergétique et à l’habitat. Ma mission ? Écrire pour vous aider à être bien chez vous au quotidien !

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