Les nouvelles boussoles de la rénovation énergétique

Devenus les boussoles de la stratégie française de rénovation énergétique, le DPE et l’audit énergétique sont depuis le début de l’année sous le feu des projecteurs. Le premier est exigé pour bénéficier de MaPrimeRénov’ en monogeste, quand le second est le point de départ du parcours accompagné de MaPrimeRénov’. Ce nouveau statut se confirme-t-il dans le nombre de DPE et audits réalisés depuis janvier ? Décryptage.

Un premier trimestre encourageant

Grâce aux données de l’Observatoire DPE-Audit, il est en effet possible de suivre les tendances sur le terrain du nombre de DPE et audits réalisés chaque mois. Ainsi, on observe une augmentation sensible du nombre d’audits énergétiques reçus par l’Observatoire : +40% entre janvier et mars. Une hausse surprenante quand on sait que le marché immobilier est lui est plutôt en berne depuis plusieurs mois : serait-ce la rénovation énergétique qui tire son épingle du jeu ? 

 

Evolution du nombre de DPE-audit depuis janvier 2024

 

De son côté, la trajectoire du DPE est relativement stable au T1 2024, avec une légère envolée en mars. Il est intéressant toutefois de noter que sur 12 mois glissants, le nombre de DPE reçus par l’Observatoire au T1 2024 est en hausse de 17%. Alors qu’aucune règlementation spécifique n’est entrée en vigueur sur le sujet, ces chiffres nous confortent dans l’idée que le DPE tend à devenir une boussole non seulement pour les pouvoirs publics, mais aussi pour des ménages désireux de connaitre la performance de leur logement. Car pour l’heure seulement près de 4 ménages sur 10 connaissent leur classe énergétique avant de commencer des travaux1.

Des boussoles aussi en proie aux évolutions

De la réforme de MaPrimeRénov’ en amont découle en aval des réformes induites pour le DPE et l’audit énergétique. Dès le 15 mai prochain et jusqu’au 31 décembre 2024, la fourniture d’un DPE ne sera plus obligatoire pour bénéficier de MaPrimeRénov’. Une mesure de bon sens dont il sera intéressant de suivre dans les prochains mois l’impact sur le nombre de DPE réalisés chaque mois. Si l’audit reste bien obligatoire pour le parcours Accompagné, depuis le 1er avril l’audit incitatif a été fusionné avec l’audit règlementaire afin d’en harmoniser la méthodologie et de se calquer sur la philosophie dudit parcours. Les boussoles évoluent donc au gré des évolutions de la politique publique.

Au-delà, le DPE reste empreint par les débats autour de la révision de son mode de calcul. D’aucuns militent aujourd’hui activement en faveur d’un abaissement du coefficient d’énergie primaire de l’électricité afin que le DPE des logements chauffés à l’électricité soit nettement amélioré. Ce qui pourrait permettre de sortir près d’un million de logements du statut de passoires thermiques. D’autres accordent leurs violons en faveur d’une meilleure intégration du confort d’été dans la méthode de calcul du DPE ou encore afin de mieux valoriser l’autoconsommation résidentielle.

Une chose est sûre : les boussoles que sont devenus malgré eux le DPE et l’audit énergétique n’ont pas finis de faire parler d’elle.





[1] Etude IFOP pour Effy, mars 2024.

Victor Breheret

Chargé des Affaires Publiques chez Effy

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