L’artisanat du bâtiment enregistre une croissance « exceptionnelle »

L’activité des entreprises artisanales du bâtiment fait preuve de dynamisme, portée notamment par les travaux de rénovation énergétique. Les chiffres révélés ce jour par la Capeb font état d’une croissance de plus de 11% sur douze mois cumulés, tous segments confondus. Seule ombre au tableau, la hausse des prix des matériaux et les difficultés d’approvisionnement.

L’artisanat du bâtiment réalise une « remontada » historique : au second trimestre 2021, l’activité globale des entreprises du secteur affiche une forte hausse de + 37% (contre – 20% au même trimestre de l’année précédente). Une croissance qui s’explique par l’écart entre la baisse d’activité de 2020 et le rattrapage au second trimestre 2021.

 

Caisse à outils

Par métiers, l’activité est également très importante : + 42% dans l’Aménagement-Décoration-Plâtrerie, + 40% dans la menuiserie-serrurerie, + 39% pour la Couverture-Plomberie-Chauffage et pour l’électricité, et + 30% pour la maçonnerie.

 

Sur douze mois cumulés, le niveau d’activité augmente de + 11,3%. « L’activité est prégnante et favorable. Nous sommes sur des chiffres qui correspondent à une période de reconstruction d’après-covid avec des ménages qui réfléchissent à leur habitat, au monde d’après » et s’engagent dans des travaux de rénovation énergétique, souligne Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.

 

Cette dynamique permet à l’activité des entreprises artisanales du bâtiment de retrouver son niveau d’avant crise sanitaire. Au global, l’activité est en progression de + 0.5% au second semestre 2021 par rapport au second semestre 2019 qui, rappelons-le, est désormais l’année de référence.

La rénovation porte la dynamique de croissance

L’entretien-rénovation enregistre un record de croissance :

 

  • + 43% au 2T2021 vs 2T2020
  • + 13,9% en glissement annuel
  • + 2,2% au second semestre 2021 par rapport au second semestre 2019.

 

Dans ce segment, les travaux d’amélioration de la performance énergétique des logements s’illustrent, grâce notamment aux marchés de la pompe à chaleur (PAC) et de l'isolation. L'activité progresse de :

 

  • + 42% au 2T2021 vs 2T2020
  • + 11,9% sur douze mois cumulés
  • + 3,3% au second semestre 2021 comparé au même semestre de l’année 2019.

 

Pour maintenir le cap, la Capeb insiste sur la nécessité de stabiliser les aides publiques et d’élargir la TVA à l’ensemble des travaux de rénovation.

Redorer l’image du label RGE

Ce fort intérêt pour la rénovation énergétique est l’occasion d’encourager les artisans à se labelliser RGE, estime la Capeb qui observe depuis deux ans, une dégradation du nombre d’entreprises labellisées. Or, pour effectuer ces travaux de performance énergétique et faire bénéficier les particuliers des aides de l’Etat, l’artisan doit être détenteur de ce signe de qualité.

 

Jean-Christophe Repon appelle ainsi les organismes de qualification à poursuivre les efforts pour qu’un nombre plus important d’entreprises puisse se positionner sur le marché de la rénovation. « Nous avons, pour la première fois, sur MaPrimeRénov’, une activité à plus de 500 000 gestes. Ce sont des enjeux d’importance pour nous », commente-t-il, soulignant que le dispositif « Chantier par Chantier » peut booster la tendance.

L’emploi salarié au beau fixe

Artisan

Du côté de l’emploi, 18 000 emplois salariés ont été créés entre le premier trimestre 2020 et le T12021, soit une croissance de + 6,4%. Pour l’année 2021, la prévision d’embauche peut s’estimer autour de 25 000 salariés, précise la Capeb. « Les entreprises artisanales ont recruté ce premier semestre, pour autant, il existe un réel manque de main d’œuvre qualifiée disponible », déclare Jean-Christophe Repon.

 

Pour y remédier, la Capeb formule ses propositions parmi lesquelles : 

 

  • La mise en place d’une mobilité intersectorielle de l’emploi
  • Le renforcement de l’accompagnement des salariés pour qu’ils poursuivent leur montée en compétences
  • Le développement de l’attractivité des métiers du bâtiment, le tout étant de rappeler combien le secteur peut être « moderne et innovant » et offrir « de belles perspectives économiques ».

 

Dans ce cadre, la Capeb souhaite également que les besoins des TPE soient intégrés dans le Plan Digital, et que les entreprises soient accompagnées dans leur transition environnementale par des mesures « pragmatiques ».

Une activité menacée par la crise des matériaux

Si les carnets de commande sont bien remplis, les besoins de trésorerie moins importants et les défaillances d’entreprises à un bas niveau, la crise des matériaux représente « une réelle menace » pour les entreprises : « risque d’une baisse du chiffre d’affaires, d’un écrasement des marges, d’une réduction de leur capacité d’investissement et d’une diminution de leur rentabilité ».

 

« Il est important que cette situation soit partagée par l’ensemble des acteurs de la filière, de l’amont à l’aval, il en va de la pérennité du secteur. A ce titre, la Capeb attend beaucoup de la Médiation des entreprises », détaille Jean-Christophe Repon.

 

Crise sanitaire, quel impact sur le secteur ?

 

💡Pour mieux comprendre l’impact de la crise des matériaux sur l’activité des artisans du bâtiment, la Capeb a fait réaliser une enquête (Xerfi) auprès de 1 700 entreprises.

 

 76% des entreprises artisanales déclarent une hausse des prix des matériaux et 57% des ruptures d’approvisionnement

 

👉 La menuiserie-serrurerie (86%), la couverture-plomberie-chauffage (81%) et l’aménagement-décoration-plâtrerie (80%) sont les secteurs les plus touchés par la flambée des prix qui se situe entre 20 et 80%. Seules 26% des entreprises interrogées ont pu répercuter cette hausse des coûts sur le prix des prestations.

 

👉 La pénurie de matériaux a davantage impacté la maçonnerie (67%), la couverture-plomberie-chauffage (65%) et la menuiserie-serrurerie (60%). Ces difficultés d’approvisionnement ont eu pour conséquences de retarder ponctuellement les chantiers (67%) ou encore de reporter les chantiers (24%). 29% des sondés déclarent avoir dû changer de distributeurs, et 19% utiliser des matériaux de substitution.

 

« Nous espérons que ces pénuries sont structurelles et non conjoncturelles », insiste Jean-Christophe Repon, précisant que les distributeurs et industriels tablent sur un retour progressif à la normale… au second semestre 2022. Aucune date précise, malheureusement.

 

En attendant, la Capeb table sur une croissance d'activité située entre 8 et 10% pour l'année 2021, une prévision qui reste néanmoins hypothétique, précise-t-elle.

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