Pourquoi faut-il réindustrialiser la France ?

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Le Gouvernement a fait de la réindustrialisation décarbonée de la France, une de ses priorités. Cette volonté répond à des enjeux d’emploi, de souveraineté industrielle et de transition écologique. L’objectif est de « mieux produire » en accélérant, par exemple, le déploiement des technologies « vertes ». Le secteur du bâtiment fait-il office de bon élève ? L’exemple des pompes à chaleur et des panneaux solaires.

Pompe à chaleur air-eau

De plus en plus d'industriels s'engagent pour produire plus localement ©Maxime Huriez

Vous avez peut-être déjà entendu parlé du projet de loi « Industrie verte » ? Si ce n’est pas le cas, voici ce que vous devez savoir.

 

Présenté le 16 mai 2023 par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, le texte vise à faire de la France le leader de l’industrie décarbonée en Europe.

 

Pourquoi cette ambition ?

 

Le Gouvernement évoque trois constats :

 

  • 2,5 millions d’emplois industriels ont été détruits ces cinquante dernières années
  • L’industrie française représente 18% des émissions annuelles de gaz à effet de serre nationales
  • La Chine et les Etats-Unis investissent massivement en faveur d’une politique industrielle verte

 

Dans ce contexte, la « reconquête industrielle » s’impose, une réindustrialisation qui doit permettre de « répondre au défi climatique, préserver le modèle social et atteindre le plein emploi », indique l’Elysée.

 

Pour arriver à l’objectif, le Gouvernement a lancé des plans successifs : France Relance, France 2030 puis le projet de loi Industrie verte. Le but : 

 

  • Faciliter l’accès des entreprises au foncier
  • Soutenir le développement de technologies plus durables
  • Favoriser les entreprises vertueuses
  • Former plus d’ingénieurs et de techniciens

 

Toutes les filières sont-elles visées par le projet de loi Industrie verte ?

 

Lors de la présentation du projet de loi, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a expliqué : « Il faut choisir des filières pour avoir des résultats. Nous arrêtons de nous disperser ». La priorité va ainsi être donnée aux « big 5 » : pompe à chaleur, éolien, photovoltaïque, batterie, hydrogène vert.

 

Voté en première lecture par le Parlement, le texte doit passer en commission mixte paritaire en octobre 2023. Les ministres Bruno Le Maire, et *Roland Lescure espèrent voir députés et sénateurs s’accorder pour que le projet de loi soit promulgué avant la fin du mois d’octobre.

La filière du bâtiment en ordre de marche

Du côté des industriels du bâtiment, les initiatives s’accélèrent pour relocaliser et décarboner les activités.

 

Cette année, le groupe **Intuis, dont la plupart des produits sont certifiés « Origine France Garantie », a ouvert une nouvelle usine de pompes à chaleur (PAC) sur son site de Feuquières-en -vimeu (80). « Un parti pris simple : produire en France, bien produire et produire durablement », avait déclaré Philippe Dénecé, Directeur général du Groupe, lors de l’inauguration.

 

Également en 2023, le groupe Atlantic a engagé deux chantiers sur son site de Billy-Berclau (62) :
 

  • Une extension de plus de 6 000 m2
  • Et la construction d’un centre technique de 8 000 m2 dédié à la thermodynamique et à l’éco-conception de pompes à chaleur

 

Le lancement s’est déroulé en présence de la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, le 29 juin dernier, qui a récemment appelé de ses vœux la mise en place d’un plan ambitieux : 1 000 000 de pompes à chaleur fabriquées en France par an.

 

Agnès Pannier-Runacher à Billy-Berclau

©Atlantic

 

A l’heure actuelle, la filière industrielle européenne des pompes à chaleur compte 167 sites de production en Europe dont 30 en France.

 

En 2022, 70% des PAC air/eau et géothermiques vendues sur le territoire national étaient de production française
Source : Estimation 2022 de l'AFPAC

 

Alors que le marché du solaire est en expansion, là aussi les projets se multiplient. Certains fabricants proposent d’ores et déjà du « Fabriqué en France » tandis que d’autres investissent pour produire plus localement. Il faut dire que le défi est particulièrement élevé : seuls 8% des panneaux solaires disponibles sur le territoire national sont fabriqués en France, selon le rapport d’activité de l’éco-organisme Soren.

 

Pour inverser la tendance, les initiatives ne manquent pas au niveau gouvernemental. Un pacte solaire de réindustrialisation devrait prochainement voir le jour, ainsi qu’un label du solaire « Made in France » et « Made in Europe ».

 

L’Etat soutient également des projets tels que « France PV Industrie » porté par Voltec Solar, fabricant français basé dans l'Est, et l’Institut photovoltaïque d’Ile-de-France dont l’ambition est de bâtir une giga-usine de panneaux solaires. Projet similaire pour Carbon qui devrait, d’ici fin 2025, mettre en service une giga-usine de panneaux photovoltaïques dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (13), en région Sud.

 

Et n’oublions pas Systovi qui a inauguré, en mars 2023, une nouvelle ligne de production de panneaux solaires de dernière génération sur son site à Carquefou (Loire-Atlantique) afin de doubler sa production et atteindre 100 000 unités par an. D’ici la fin de l’année, un nouvel investissement est attendu.

 

Usine Systovi

©Systovi


L'entreprise française DualSun poursuit également son développement. Née en 2010, la société conçoit ses solutions hybrides en Provence. Pour accompagner la progression du marché, elle a récemment ouvert à Marseille, un nouvel espace de formation : la DualSun Académie, dédié à l'apprentissage des métiers du solaire. 


*Roland Lescure est Ministre délégué chargé de l’Industrie
** Intuis regroupe le Groupe Muller et ses marques professionnelles Airelec, Applimo, Auer, Campa, France Energie, Muller Intuitiv et Noirot 

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