Eco-PTZ : ce bilan réussi dont personne ne parle

Le saviez-vous : en 2024 les distributions d’éco-PTZ ont augmenté de plus de 7% par rapport à 2023. Un bilan qui reste positif dans un contexte où le marché de la rénovation énergétique a ralenti l’an dernier. Mais alors pourquoi personne n’en parle ? Effy décrypte.

Une croissance rare sur le marché de la rénovation énergétique

Créé en 2009, l’éco-PTZ est le plus ancien dispositif de financement de la rénovation énergétique en France. Mais aussi l’un des moins visibles par rapport à la TVA à 5,5%, au dispositif MaPrimeRénov’ ou encore aux CEE qui ont su s’inscrire dans le paysages des aides. Pourtant l’an dernier, plus de 112 000 éco-PTZ ont été octroyés par les établissements bancaires, dont 93% en maison individuelle. Au global, l’éco-PTZ représente près de 1,7 milliard d’euros prêté l’an dernier pour financer le reste à charge de travaux de rénovation énergétique.

Malgré ce nombre record, le ministère chargé du Logement n’a pas communiqué dessus, et aucun bilan détaillé n’a été dévoilé par la SGFGAS (en charge des statistiques de l’éco-PTZ). Certains succès méritent pourtant d’être signalés. Avec 8 000 éco-PTZ « MaPrimeRénov’ » octroyés en 2024, cet éco-PTZ simplifié a bondi de 45% par rapport à 2023. L’éco-PTZ « performance globale », qui permet d’emprunter jusqu’à 50 000€, a connu une hausse de 71% des octrois par rapport à 2023. Alors que le marché de la rénovation énergétique a connu un repli en 2024, ce succès de l'éco-PTZ doit beaucoup à la dynamique de la rénovation d'ampleur depuis son lancement. Un succès dont le coût pour les finances publiques reste modéré, proche des 100 millions d’euros l’an dernier, loin derrière les dispositifs d’aides directes comme MaPrimeRénov’.

Un premier trimestre 2025 encourageant

Pour 2025, le Gouvernement s’est fixé un prévisionnel de 130 000 éco-PTZ1. Un objectif dont l’atteinte pourrait être mis à mal par le recul des rénovations par geste observé au premier semestre 2025 dans le dernier bilan de MaPrimeRénov’, mais également par la suspension depuis le 23 juin du guichet d’aide à la rénovation d’ampleur. Pourtant, les derniers chiffres communiqués mi-juillet par la SGFGAS se veulent encourageants : 30 000 éco-PTZ ont été délivrés au premier trimestre 2025, en hausse de 16% sur 12 mois glissants. Notons toutefois que ce nombre recule de -11% par rapport au dernier trimestre 2024, potentiellement en raison du retard sur l’adoption du budget 2025 et de l’incertitude qui en a découlé pour MaPrimeRénov’.

L’éco-PTZ était pourtant le grand absent du rapport sur la « Banque de la rénovation » remis le 11 juillet dernier au Gouvernement, principalement orienté sur le financement de la rénovation des copropriétés. Pourtant, ce rapport évalue à 87,5 milliards d’euros par an le niveau cible de dépenses de rénovation des maisons individuelles d’ici 2030. Une cible qui nécessite d’augmenter considérablement le recours à l’éco-PTZ afin d’absorber la baisse des aides directes.

Les établissements bancaires étaient représentés lors des réunions de concertation qui se sont tenus ces dernières semaines autour de MaPrimeRénov’. Malgré une communication renforcée des banques depuis 2 ans sur l’éco-PTZ et une formation de leurs agents sur le dispositif, plus que jamais la balle se situe dans leur camp pour tenir nos objectifs de rénovation énergétique.







[1] Jaune budgétaire, Effort financier de l'État en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments, annexe au projet de loi de finances pour 2025. 

Victor Breheret

Responsable des Affaires Publiques chez Effy

Chaque semaine je décrypte à chaud l'activité législative au Parlement, les évolutions réglementaires d'aujourd'hui et de demain mais aussi les tendances politiques autour de la rénovation énergétique et l'autoconsommation solaire résidentielle.

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